« Je vous demande de condamner M. Dupond-Moretti à la peine d’un an d’emprisonnement avec sursis »

Éric Dupond-Moretti pendant son procès.   - Credit:BENOIT PEYRUCQ / AFP
Éric Dupond-Moretti pendant son procès. - Credit:BENOIT PEYRUCQ / AFP

Quelques jours avant l'ouverture du procès d'Éric Dupond-Moretti, il avait confié à une poignée de journalistes : « Je serai le procureur. » Dès le premier jour d'audience, lundi 6 novembre, chacun avait compris qu'il tiendrait promesse. Procureur général près la Cour de cassation – le plus haut grade dans la hiérarchie du parquet –, Rémy Heitz a accusé « son » ministre sans faiblir, mercredi, réclamant contre lui la peine d'un an de prison avec sursis, au terme d'un réquisitoire de trois heures. Fidèle à une ligne de conduite suivie tout au long des débats, Rémy Heitz a requis avec zèle et méthode, froidement, s'interdisant tout effet de manche, en rupture avec le tempérament bouillonnant de celui dont il s'emploie à obtenir la condamnation. Une lame.

Il se savait attendu, scruté, observé. Toute marque d'indulgence aurait été interprétée par ses pairs comme un aveu de faiblesse, la marque d'une soumission. Tout excès, toute expression de vindicte l'aurait fait passer à l'inverse pour l'avocat de la magistrature et de ses relais syndicaux, lui dont le rôle est d'être le gardien de la loi et de l'intérêt général.

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S'excusant par avance de « tourner le dos à la défense », il est descendu de son estrade et a rejoint la barre, de manière à voir et pouvoir être vu des douze députés et sénateurs qui, aux côtés de trois magistrats professionnels, composent la Cour de justice de la République (CJR). Se [...] Lire la suite