Un an après son intoxication à la soude, une fillette ne peut toujours pas manger normalement

L'entrée des urgences à l'hôpital Hôtel-Dieu, à Paris.  - FRED DUFOUR
L'entrée des urgences à l'hôpital Hôtel-Dieu, à Paris. - FRED DUFOUR

Le quotidien d’Elisabeth a basculé il y a un an. Le 19 août 2019, la petite fille de 22 mois passe ses vacances avec ses parents et sa soeur en Loire-Atlantique. La famille originaire de la région parisienne se trouve dans un restaurant réputé de Pornic et commande à la cadette un jus de raisin. Elisabeth trempe ses lèvres dans le nectar avant de le recracher en hurlant.

Inquiet, son père prend le verre, le porte également à ses lèvres, et sent alors "une brûlure intense", racontait-il à l'époque à France 3 Pays de la Loire. Le liquide ingurgité est en réalité de la soude caustique, un détergent, servie par erreur.

"Ça lui a brûlé tout l'oesophage"

Un an plus tard, Elisabeth est toujours en cours de rémission.

"Ça lui a littéralement brûlé tout l'oesophage, ce n'est pas une brûlure comme on peut avoir qui se cicatrise. La soude caustique mange les tissus. Elle les mange en profondeur jusqu'à 24h après l'ingestion", explique le père, Arnaud Kob, dans une interview au média local publiée mercredi.

Après 11 jours passés en réanimation et 17 opérations sous anesthésie générale, elle n’a toujours pas retrouvé une alimentation normale. La fillette est nourrie la nuit par une pompe reliée à un bouton greffé à son abdomen. Une situation difficile à supporter, notamment pour une petite fille de 3 ans:

"Elle peut avoir des douleurs à son bouton, elle peut s'emmêler dans la pompe, elle peut se retourner sur le fil, du coup ça fait une occlusion, il se passe toujours quelque chose la nuit", témoigne Arnaud Kob.

Et sa mère d’ajouter: "A la dernière opération, elle a pleuré, elle a pleuré, elle sanglotait: 'Je veux manger par la bouche, je veux manger par la bouche !'".

Manquement aux consignes de sécurité

Une opération supplémentaire doit avoir lieu, elle permettra de remplacer l’oesophage d’Elisabeth, avec l’espoir de retrouver un mode de vie plus supportable. Les parents de la fillette mènent de front ce combat médical ainsi que le volet judiciaire de l’affaire. Dès le mois d’août 2019, ils ont porté plainte pour blessures involontaires dues à un manquement aux consignes de sécurité.

Car la soude caustique - un produit utilisé dans la machine à laver les verres des restaurants - était stockée dans une bouteille de jus de fruit sans étiquette précisant son contenu exact. C’est ce qui expliquerait l’erreur au moment de servir le jus de raisin à Elisabeth. La bouteille est "passée de l'endroit où on fait la plonge à la cuisine, de la cuisine au frigo et du frigo au verre de ma fille", schématise Arnaud Kob.

La "vie s’est pratiquement arrêtée"

L’enquête est en cours pour déterminer les circonstances de cette intoxication, mais le processus semble trop long aux parents de la victime.

"Je ne sais pourquoi notre enquête met un an alors qu'on sait déjà le produit qui était dans le verre, on sait déjà qu'ils mettaient ce produit dans les bouteilles de jus de raisin et que c'était une habitude, qu'ils retiraient l'étiquette ou qu'ils mettaient une croix rouge dessus. Là, visiblement, sur l'étiquette il n'y avait pas de croix rouge".

Le restaurant incriminé a, de son côté, diligenté une enquête interne à l’issue de laquelle "une ou plusieurs personnes ont quitté l’établissement", indique Ouest-France. Une première victoire pour cette famille dont la "vie s’est pratiquement arrêtée" à la suite de ce drame.

Article original publié sur BFMTV.com