Amos Gitaï: en Israël, «il y a un éclatement du projet commun»

Amos Gitaï

De passage à Paris pour la promotion de son nouveau film, «Tsili», le réalisateur israélien s’inquiète de la situation dans son pays, vingt ans après l’assassinat de Yitzhak Rabin.

La dernière fois, c’était l’été 2014, alors que la guerre faisait rage à Gaza. Nous avions rencontré Amos Gitaï à Paris pour parler de son film Ana Arabia. Il nous avait confié son envie de travailler sur un long métrage autour de l’assassinat de Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, afin de commémorer, à sa façon, la mort de l’ex-Premier ministre israélien survenue il y a vingt ans, le 4 novembre. Depuis, le drame du bébé palestinien brûlé vif par des extrémistes juifs a fait resurgir le souvenir de ce meurtre qui avait porté un coup d’arrêt au processus de paix. Nous avons revu Amos Gitaï, samedi à Paris, pour parler de son dernier film, Tsili, en salles ce mercredi (lire p.27). L’occasion de l’interroger sur la situation dans son pays.

Que suscitent, chez vous, les derniers événements en Israël ?

On approche d’une zone de danger grise. La faible réaction des pouvoirs publics vis-à-vis des actes commis par les extrémistes juifs est très préoccupante. C’est une situation dans laquelle un groupe pousse au conflit avec les autres groupes. Il y a un éclatement du projet commun et cette fracture est visible dans tous les domaines, y compris la culture. On a même vu récemment la façon dont la ministre de la Culture souhaite intervenir dans les contenus des œuvres au nom d’une vision complètement ethnocentrique. Les dirigeants israéliens ont fait des déclarations très dures au lendemain de l’attaque des extrémistes, mais pas toujours sincères et trop tard. Comme la culture aide à avoir une perspective historique plus large, ça me rappelle le travail qu’on a mené quand j’ai préparé mon spectacle la Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres pour le Festival d’Avignon, à la carrière de Boulbon en 2009, dans lequel Flavius Josèphe (interprété par Jeanne Moreau) raconte la (...)

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