Amnesty accuse l'Egypte de tortures et de disparitions forcées

La police égyptienne a enlevé et torturé "au moins plusieurs centaines de personnes", certaines âgées de seulement 14 ans, afin de réduire au silence l'opposition au régime, dénonce l'ONG Amnesty International dans un rapport publié mercredi. /Photo prise le 18 fevrier 2016/REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

LE CAIRE (Reuters) - La police égyptienne a enlevé et torturé "au moins plusieurs centaines de personnes", certaines âgées de seulement 14 ans, afin de réduire au silence l'opposition au régime, dénonce l'ONG Amnesty International dans un rapport publié mercredi. "Les disparitions forcées sont devenues un des instruments clés de la politique de l'Etat égyptien. Toute personne qui ose exprimer des critiques est en danger, la lutte contre le terrorisme servant de prétexte pour enlever, interroger et torturer les gens qui contestent les autorités", déclare Philip Luther, directeur d'Amnesty pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, dans un communiqué accompagnant le rapport. Celui-ci, rédigé sur la base de 70 entretiens avec d'anciens détenus, leurs familles, des avocats, etc., estime que le nombre de disparitions forcées a considérablement augmenté depuis la nomination début 2015 de Magdi Abdel Ghaffar comme ministre de l'Intérieur. D'après l'ONG, trois à quatre personnes disparaissent chaque jour en Egypte, même s'il est difficile de donner un chiffre précis vu la nature de la disparition. "Au moins plusieurs centaines de cas" ont été dénombrés depuis début 2015 par des ONG et associations de défense des droits égyptiennes. Amnesty international expose dans son rapport les témoignages de 17 personnes isolées du monde extérieur et privées de contact avec un avocat ou leurs familles pour des périodes allant de plusieurs jours à sept mois. Certaines de ces personnes portées disparues ont été détenues à Lazoughli, un camp de la Sécurité intérieure égyptienne, selon Amnesty. Elles disent y avoir été électrocutées, maltraitées, violées. Amnesty International déclare avoir découvert des ressemblances entre leurs blessures et celles de Giulio Regeni, un étudiant italien enlevé le 25 janvier au Caire et retrouvé mort avec des traces de torture neuf jours plus tard. Le ministère de l'Intérieur nie toute implication et a indiqué que les mauvais traitements de la police étaient des cas isolés. Il a aussi promis mercredi d'enquêter sur chaque accusation. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a lui qualifié les rapports d'Amnesty sur l'Egypte de subjectifs, motivés par des raisons politiques, avec pour objectif de nuire à l'image du pays. (Amina Ismail, Lin Noueihed, Haitham Ahmed et Ahmed Mohammed Hassan; Laura Martin pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)