En Amazonie colombienne, scientifiques et Amérindiens reboisent la forêt inondable

“Si on m’avait dit il y a trente ans qu’il faudrait planter des arbres en Amazonie, j’aurais rigolé. Mais le processus de déforestation s’est tellement accéléré que nous devons récupérer la forêt inondable”, déplore le célèbre zoologiste Fernando Trujillo dans une interview accordée au journal colombien El Espectador, quand on lui parle de l’importance de ces arbres situés au bord du fleuve Amazone et qui disparaissent à toute vitesse dans la forêt primaire.

L’alerte a été donnée dans les années 2010 par les habitants de la communauté amérindienne de Ticoya, dans le sud-est de la Colombie, qui ont vu se réduire peu à peu les bancs de poissons à la base de leur alimentation : pirarucú, arowana ou cachama.

Dans ce village situé dans la commune de Puerto Nariño, le déboisement, souvent provoqué par l’orpaillage illégal, a eu raison de 1 000 hectares de forêt entre 2002 et 2023, selon Global Forest Watch. Soit 41 % de sa couverture totale, tout particulièrement dans la forêt inondable. Ce qui a eu pour effet, à son tour, de décimer la faune qui en dépend.

Habituellement, lors de la saison des pluies, on pouvait apercevoir des dauphins d’eau douce, reconnaissables à leur couleur rose, batifoler dans les marécages, où ils étaient attirés par les poissons se nourrissant des graines issues des arbres pepeaderos.

Arbres “magiques”

Des arbres d’acai, de capinurí ou de camu, considérés comme “magiques” par le peuple amérindien des Ticuna, car ils dispersent leurs graines dans l’eau.

C’est pour cette raison que, lorsque des efforts de conservation ont été entrepris, la fondation Omacha, du zoologiste Fernando Trujillo, a lancé le programme “Pepeadero pour la vie”, avec pour but de planter plus de 40 000 arbres de ces espèces dans les zones “inondables”.

Et le projet, entrepris avec l’aide des communautés amérindiennes de Ticoya, semble bien fonctionner : “Depuis 2016 – deux ans après le lancement de ‘Pepeaderos pour la vie’ – et, à l’exception de 2020, la déforestation n’a pas dépassé les 90 hectares par an.”

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