Alzheimer: un nouveau traitement diminue significativement la progression de la maladie

Un nouvel espoir pour vivre mieux avec la maladie d'Alzheimer. Le laboratoire pharmaceutique britannique Eli Lilly a annoncé mercredi que son médicament baptisé "donanemab" avait passé les tests nécessaires pour faire valider son efficacité en limitant d'environ un tiers l'évolution de la maladie chez des patients au stade précoce, rapporte la BBC. L'entreprise annonce qu'elle va demander une mise sur le marché. En moins d'un an, c'est le deuxième traitement déclaré capable de ralentir significativement la progression de la maladie d'Alzheimer.

Des anticorps qui ciblent le cerveau

Le médicament contient des anticorps comme ceux qui poussent le corps à attaquer un virus, mais ceux du donanemab sont conçus pour attaquer les "plaques amyloïdes" qui se forment dans le cerveau et prennent la forme de tâches brunes caractéristiques visibles sur les images prises par scanner spécialisé, détaille Eli Lilly dans un communiqué.

Ces tâches qui se forment autour des connexions neuronales sont en partie responsable de la dégénérescence cognitive causée par la maladie d'Alzheimer. Leur élimination permet de réduire la dégradation de l'état des patients.

Ce procédé avait guidé la mise au point du lecanemab le premier médicament à avoir prouvé en novembre 2022 son efficacité dans la limitation de la progression de la maladie d'Alzheimer. Il présentait toutefois des risques d'hémorragie cérébrale multipliés par deux.

Lors des tests pour le donanemab, 1734 personnes présentant un Alzheimer précoce, c'est-à-dire sans déficiences importantes, ont reçu une infusion mensuelle de ce médicament jusqu'à ce que les plaques disparaissent des images médicales.

Regain de capacités cognitives

En moyenne, la progression de la maladie en a été ralentie de 29%, et de 35% pour un sous-groupe de personnes identifiées comme plus susceptibles de réagir positivement au traitement. Les participants aux tests ont par ailleurs pu retrouver certaines des capacités qui s'étaient dégradées comme la possibilité de discuter d'événements récents, le fait de pouvoir conduire ou de pratiquer un passe-temps. Ces améliorations n'ont pas été observées chez des personnes se trouvant à un stade plus avancé de la maladie.

Un gonflement du cerveau a été détecté chez un tiers des patients, bien qu'ils ne donnent majoritairement pas lieu à des symptômes, ou seulement très légers. Deux volontaires en sont malgré tout décédés. Une troisième personne a perdu la vie à l'issue des tests, sans qu'un lien de causalité puisse être établi avec le médicament administré.

Ces résultats restent toutefois très encourageants pour les spécialistes. "La bataille qui dure depuis des décennies pour trouver des traitements qui changent la maladie d'Alzheimer est en train de changer", partage à la BBC Cath Mummery, responsable clinique du centre des troubles cognitifs à l'Hôpital national de neurologie et de neurochirurgie du Royaume-Uni, à Londres.

Eli Lilly a annoncé qu'elle solliciterait une autorisation de mise sur le marché auprès des autorités sanitaires britanniques dans les mois à venir.

Ces découvertes sont toutefois contrebalancées par la difficulté persistante de massifier les dépistages: seulement 1 à 2% des patients atteints d'une forme de démence se font tester pour identifier s'il s'agit de la maladie d'Alzheimer. Enfin, le donanemab est inefficace pour les autres formes de démence.

Article original publié sur BFMTV.com