Altercatho

Unité !

On opposait naguère le pape blanc et le pape noir, l’officiel et celui des jésuites. Voici désormais le pape vert. Après l’altermondialisme, voici l’altercatholicisme ! L’encyclique de François ne lève pas seulement l’ambiguïté initiale de l’enseignement biblique. Dans la Genèse, la terre doit être «dominée» par l’homme, mais aussi «gardée», c’est-à-dire préservée. La deuxième interprétation l’emporte donc dans l’Eglise, sans aucune hésitation, comme l’avaient annoncé saint François d’Assise ou encore suggéré, mezzo voce, Paul VI ou Jean Paul II. Mais François, véritable pontife des manifs, accuse encore le trait. Il y a du José Bové dans ce pape-là… Non seulement les nations doivent s’unir pour sauvegarder la planète et contrer le réchauffement climatique, mais elles doivent surtout donner la priorité aux pays du Sud, premières victimes des débordements du productivisme, et à leurs peuples, damnés de la terre et du capitalisme sans frein. On attend de voir l’effet de cette encyclique en forme de brûlot écologique dans les milieux cathos tradis qui ont repris le haut du pavé depuis quelques années. Comment peuvent-ils concilier leurs appels à la réaction avec l’obéissance que tout catholique doit à la parole pontificale ? De quoi désespérer Auteuil-Passy…

Patron du Vatican, Etat reconnu, ce pape est sans doute le chef d’Etat le plus à gauche de la planète. La droite française, de plus en plus influencée par une escouade d’intellectuels obsédés par la tradition, l’autorité et la nation, ferait bien de méditer sur cette autre tradition, qui prêche l’accueil, l’égalité, le souci écologique, qui stigmatise l’égoïsme des riches, la fermeture des frontières et la montée des inégalités.



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