Alpes-Maritimes : un cambrioleur supposé lynché à mort par les habitants d’un village

Jéremy Dasylva a été lynché à mort par les habitants de l'Escarène, dans les Alpes-Maritimes, qui le soupçonnaient d’être un cambrioleur. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Nice malgré l’omerta.

Le 12 octobre dernier, Jéremy Dasylva a été violemment lynché par les habitants de cette commune de 2 500 habitants. Ces derniers pensaient qu’il venait de cambrioler une des villageoises, rapportent le site de BFM TV et le journal Nice-Matin. Après des semaines d’omerta, le parquet de Nice a finalement ouvert une information pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Le soir des faits, Jérémy Dasylva se trouve à Nice avec sa compagne Olivia. Au cours de la soirée, le couple se dispute et la jeune femme décide de rentrer chez elle, à L’Escarène, en voiture. Jérémy, lui, prend le train. Personne ne sait exactement ce qu’il fait ensuite mais, vers 20h, Muguette, une habitante du village qui est seule dans son appartement, aperçoit quelqu’un chez elle. "J'ai vu passer une ombre, je suis venue ici et j'ai dit: "Qu'est-ce que vous faites?". J'ai crié. Il avait déjà pris la carte bleue, l'argent dans le porte-monnaie, et puis il est parti", raconte-t-elle à nos confrères. Les cris de l’Escarénoise alerte ses voisins, dont Yannis Sharpin, qui dit avoir vu un homme courir vers la rue Saint-Sébastien.

Une véritable chasse à l’homme

L’homme décrit aussi que, rapidement, une trentaine de personnes se lance dans une chasse à l’homme. Leur cible est Jérémy Dasylva, le supposé cambrioleur. Lorsqu’il arrive à l’endroit où l’homme a été coincé par la foule, il doit intervenir pour calmer le lynchage : "La personne qui était là n'avait plus de pantalon à l'arrière, plus de chaussures. Mais elle était encore consciente, elle marchait, on l'a enlevée de là-bas. Après on a attendu la gendarmerie." Olivia, la compagne de la victime affirme quant à elle que c’est elle qui a trouvé Jérémy avec "ses vêtements déchirés, sans chaussures".

L’homme est ensuite transporté à l’hôpital où il meurt des suites de ses blessures deux jours plus tard. Extrêmement affectée par le drame, Olivia ne veut pas que la mort de son compagnon reste impunie, ni même que la mémoire de l’homme qui partageait sa vie ne soit salie. "À l’hôpital, il m’a dit qu’il n’a rien volé. D’ailleurs rien n’a été retrouvé, c’est une preuve. Ni les affaires qu’on l’accuse d’avoir prises, ni son sac à dos et son téléphone", explique-t-elle.

Et de poursuivre : "Le soir, j’ai arpenté tout le village, je n’ai rien trouvé. Et le dimanche encore toute la journée, j’ai retrouvé l’une de ses chaussures dans le Paillon." Et si elle peine autant à trouver des informations claires ou des indices, c’est parce que la loi du silence règne sur le petit village où tout le monde semble se protéger. Selon nos confrères, le visionnage des images d’une caméra de surveillance aurait toutefois permis d’identifier l’un des auteurs des coups. Affaire à suivre donc.

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