Dans les Alpes, les bouquetins préfèrent affronter les loups que de subir le réchauffement

ANIMAUX - Pour les hommes, l’expression est souvent « à choisir entre la peste et le choléra ». Pour les bouquetins (Capra Ibex), c’est plutôt entre les loups et le réchauffement climatique. D’ordinaire, cette animal aux longues cornes descend de sa haute montagne en journée pour se régaler d’herbe en basse altitude.

Mais selon une étude parue dans The Royal Society le 17 janvier dernier, leur comportement a changé. Les chercheurs qui ont suivi ces animaux ont remarqué qu’ils étaient de moins en moins enclins à effectuer cette migration verticale la journée. Désormais, les bouquetins se reposent de jour, et descendent se nourir la nuit. Au risque de croiser leur prédateur, le loup, qui est principalement actif la nuit.

Du jour à la nuit

Les chercheurs s’attendaient à constater une activité nocturne plus élevée dans les régions des Alpes où les loups ne sont pas présents, comme en Suisse. Mais ce ne fut pas le cas. « Nous avons constaté que l’activité est plus élevée dans les zones où vivent des loups », a déclaré Brivio à Olivia Lee au Guardian. « Pour cette espèce, être nocturne est un problème – c’est un gros problème », a déclaré pour Vox Stefano Grignolio, écologiste comportemental à l’Université de Ferrare.

Mais pourquoi un tel comportement ? C’est très simple. Les 47 bouquetins suivis par les chercheurs entre 2006 et 2019 ont augmenté leur activité nocturne après des jours de hautes températures, restant au frais la journée en haute altitude. Il semble donc que ces mammifères à sang chaud cherchent en priorité à se réfugier contre la chaleur et à s’activer lorsqu’il fait plus frais, malgré un risque accru de croiser la route des loups.

Une adaptation qui pose problème

Autrefois commun dans toute l’Europe, l’espèce est tombé à seulement 100 individus dans les années 1800. Grâce aux interdictions de chasse en 1854 et aux efforts de conservation, le bouquetin des Alpes a rebondi et l’on compte désormais plusieurs dizaines de milliers d’individus. Seul hic, il y a une faible diversité génétique parmis ces animaux, les rendants plus vulnérables aux maladies et autres mutations.

À cela s’ajoute donc un nouveau problème : le réchauffement climatique. Et la menace des chasseurs nocturnes que sont les loups n’est pas le seul problème. Pour un animal funambule habitant dans un environnement rocheux escarpé, où tout faux pas peut-être fatal, se déplacer la nuit est bien plus difficile. Surtout que les yeux du bouquetins ne sont pas adaptés pour voir la nuit, mais bien le jour. Même pour trouver de la nourriture, dans le noir c’est moins facile.

Pas sûr donc que ce changement de vie soit optimal pour le bouquetin des Alpes. Mais il s’agit du moyen le plus rapide qu’il ait trouvé pour s’adapter au réchauffement climatique. Et ce n’est pas le seul. À cause de l’activité humaine, de nombreux mammifères (du sanglier au coyote) deviennent eux aussi de plus en plus nocturnes.

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