Alloucherie, échos et écrits de la «jungle»

Le directeur artistique pas-de-calaisien a mis en scène la lecture de son prochain spectacle, «No Border», consacré aux migrants. L’auteure Nadège Prugnard a écrit le texte et le porte de sa voix.

L’actualité est aphone. On n’entend plus rien, c’est devenu sec. Guy Alloucherie aime réveiller les voix mises en sourdine, monter le son. Pendant des années, il a déterré l’histoire ouvrière, lui, fils d’un homme qui a passé trente-sept ans dans les mines pour creuser le charbon. Depuis vingt ans, il a installé sa compagnie en contrebas des terrils dans le Nord Pas-de-Calais. Il a placé Loos-en-Gohelle, 6 000 habitants, à la pointe de l’écoute du monde.

Complexité. La question des réfugiés est arrivée avec Mireille, une militante, il y a dix ans. Dans le spectacle les Sublimes, elle témoigne en vidéo : elle avait hébergé des réfugiés. Guy Alloucherie est persuadé que pour parler de la complexité du monde, il faut aller à Calais. «Mais comment trouver la distance poétique, sans que ce soit un discours donneur de leçon» ? Il va voir jouer Nadège Prugnard, trouve «un alter ego», a la solution. Elle a peur de l’effrayer avec son parcours scène rock-arts de la rue, lui est sûr que c’est la voix qu’il faudra.

Pendant deux ans et demi, Nadège Prugnard parcourt la «jungle». Elle commence à l’époque où il n’y a que trois-quatre tentes, sera témoin de la ville-monde en train de se construire et de son démantèlement. On n’entre pas comme ça : elle se lance comme bénévole. «Je me rends vite compte que ça ne sera pas suffisant. Il faut que je trouve un déclencheur de parole, autre que l’urgence.» Et là, idée : «Le coup des fleurs.» Des roses, des jonquilles, des graines dans la «jungle». Nadège Prugnard apporte des fleurs. «Le temps a été suspendu, on s’est mis à parler.»

Elle réalise qu’il n’y a que les gestes artistiques, symboliques, qui permettent à la «jungle» de sortir d’un rapport au temps imposé par la nécessité. Elle interroge migrants, bénévoles, médecins, routiers, Calaisiens (...)

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