Les alliances se négocient à Samarcande

Depuis leur indépendance au lendemain de l’effondrement de l’Union soviétique [en 1991], les cinq pays d’Asie centrale se sont rarement retrouvés sous le feu des projecteurs médiatiques. Quand ils font la une des journaux, c’est généralement en raison d’événements qui se déroulent dans leur voisinage immédiat, comme la prise de Kaboul par les talibans l’an dernier.

Mais aujourd’hui la région est devenue une poudrière du fait des difficultés économiques et des pressions externes engendrées par le terrorisme transnational et les organisations criminelles. Qu’il s’agisse de la menace d’une guerre civile imminente en Afghanistan, qui aurait des répercussions directes sur le Tadjikistan, le Turkménistan et le Kirghizistan, des émeutes au Kazakhstan [en janvier 2022] et dans l’ouest de l’Ouzbékistan [en juillet dernier], ou d’une éventuelle confrontation entre Moscou et le pouvoir kazakh, l’incertitude grandit.

Crainte d’une contagion terroriste

Cette volatilité n’est pas passée inaperçue en Chine. Dans un ouvrage récent intitulé Sinostan, Raffaello Pantucci, spécialiste des questions de sécurité en Asie centrale, souligne que la Chine redoute que des rebelles ouïgours tirent parti de la situation en Afghanistan pour créer de l’instabilité au Xinjiang. À cette inquiétude déjà ancienne [de plus de deux décennies] s’ajoute la crainte croissante que d’autres adversaires de Pékin ne cherchent à utiliser l’Afghanistan comme base pour viser la Chine ou ses intérêts, de l’Asie centrale à l’Asie du Sud. Ces ennemis rassemblent toujours plus de groupes armés dans la région, tels l’État islamique au Khorasan (Afghanistan et Pakistan), le Parti islamique du Turkestan [ouïgour] dans la région de Badakhshan (nord-est de l’Afghanistan) et le mouvement Tehrik-e-Taliban au Pakistan.

Alors que l’Union européenne se concentre sur l’Ukraine et que les États-Unis s’efforcent de jongler entre l’invasion russe et l’Indo-Pacifique, Pékin tente de gérer la crise dans son “étranger proche”. Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui se tient [les 15 et 16 septembre] à Samarcande, en Ouzbékistan, montrera bien à quel point l’Asie centrale est devenue une source d’inquiétude pour la Chine, l’Asie et le Moyen-Orient.

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