Une alliance mondiale pour lutter contre le trafic de migrants ?
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé mardi les institutions et agences européennes, les organisations internationales, les gouvernements et les plateformes Internet à créer une alliance mondiale contre le trafic de migrants, un "défi commun" qui transcende les frontières.
"Grâce à un partenariat mondial, nous pouvons ouvrir une nouvelle ère de coopération et donner une meilleure chance à des millions de personnes", a-t-elle déclaré dans son discours d'ouverture d'une conférence internationale de haut niveau sur la lutte contre le trafic de migrants à Bruxelles.
Elle a souligné que la conférence "ne doit pas être un événement unique" et a annoncé que des groupes d'experts seraient créés au niveau technique pour travailler dans trois domaines : la prévention des départs irréguliers de migrants, l'application de la législation et la création d'itinéraires d'entrée légaux.
"Nous nous reverrons dans un an pour faire le point. C'est le début d'un chemin commun", a déclaré la chef de l'exécutif européen.
Ursula von der Leyen a déclaré qu'il fallait s'attaquer à toutes les étapes de l'activité criminelle, des pays d'origine aux pays de transit et de destination finale, et dans ce contexte, elle a mentionné la nécessité de "nouveaux accords bilatéraux" et de groupes de travail opérationnels.
Plus de 450 personnes, dont des représentants des États membres, des principaux pays partenaires et des organisations internationales, ont participé à la conférence.
Le Niger abroge une loi qui luttait contre le trafic de migrants
La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson s'est dite mardi "très préoccupée" par l'abrogation par le régime militaire nigérien d'une loi criminalisant le trafic de migrants dans ce pays qui est une plaque tournante vers l'Europe.
"Je regrette vivement cette décision", a déclaré la commissaire suédoise lors d'un point de presse.
"Je suis très préoccupée par la situation. Il y a un gros risque que cela cause de nouveaux décès (de migrants) dans le désert, c'est le point le plus préoccupant", a-t-elle poursuivi, ajoutant que cela pousserait aussi "probablement" plus de migrants à se rendre en Libye et à "tenter de traverser la Méditerranée" vers l'UE.
Elle a rappelé que le vote de la loi au Niger en 2015 avait entraîné une "baisse significative des arrivées irrégulières et du nombre de morts dans le désert".
L'UE a fermement condamné la prise de pouvoir le 26 juillet au Niger par les militaires, qui retiennent depuis captif le président élu Mohamed Bazoum. Dans la foulée du coup d'Etat, l'UE avait suspendu son aide budgétaire au pays sahélien et cessé toute coopération sécuritaire.
Le régime militaire nigérien a annoncé lundi soir avoir abrogé la loi de 2015, affirmant notamment qu'elle "érige et incrimine en trafic illicite certaines activités par nature régulières" et qu'elle a "été votée sous l'influence de certaines puissances étrangères".
Le Niger, qui accueille sur son sol de nombreux migrants et réfugiés de pays voisins, était considéré comme un partenaire clé par l'UE dans la gestion des flux migratoires et la stabilisation de la région.
La loi abrogée prescrivait des peines "de un à 30 ans de prison" et "des amendes de 3 millions à 30 millions de francs CFA" (4 500 à 45 000 euros) contre les trafiquants.
Depuis son entrée en vigueur, et avec l'appui financier de l'Union européenne (UE), la surveillance, y compris militaire, avait été renforcée dans le désert de la région d'Agadez (nord), important point de transit pour des milliers de ressortissants ouest-africains candidats à l'émigration vers l'Europe, via l'Algérie ou la Libye.