En Allemagne, le racisme n’est pas “l’apanage des néonazis et des ploucs sans éducation”

De jeunes adultes visiblement aisés s’amusent et se déhanchent sur l’air de “L’amour toujours”, de Gigi D’Agostino. Les paroles qu’ils chantent semblent pourtant à l’opposé du titre de la chanson : “L’Allemagne aux Allemands, les étrangers dehors”. L’un d’entre eux mime Adolf Hitler, sans que quiconque ne réagisse.

Cette scène - qui se serait déroulée dans un établissement de la très prospère île allemande de Sylt lors du week-end de la Pentecôte - a été filmée, assure Der Spiegel. On ignore qui est à l’origine de sa diffusion sur les réseaux sociaux. Mais depuis la semaine dernière, son contenu est très discuté dans les journaux d’outre-Rhin. Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz s’est lui-même dit “écœuré” face à ces images.

Il faut dire que la scène est choquante. “Les fêtards se comportent, comme s’ils passaient un bon moment, comme si c’était normal de brailler des slogans d’extrême droite et de faire un salut hitlérien en sirotant des Spritz et du rosé”, s’indigne le titre de gauche. D’après lui, cela montre à quel point les idées racistes se sont banalisées en Allemagne.

Racisme chez les riches

Mais pour Die Tageszeitung, la scène prouve aussi que “les propos racistes ne sont pas seulement l’apanage de néonazis bourrés ou de ploucs sans éducation”. Les milieux les plus aisés sont aussi touchés par l’extrémisme de droite.

Sur la vidéo, on aperçoit des consultants, des influenceurs, des maîtres de conférences, des cadres d’entreprise, pour qui les voyages arrosés de champagne à Sylt sont fréquents. L’île du nord de l’Allemagne est d’ailleurs connue pour accueillir les touristes les plus fortunés du pays.

“Mais les problèmes soulevés par cette scène écœurante ne sont pas propres à Sylt”, commente le tabloïd conservateur Bild. Il précise que d’autres images montrant des “fêtards imbibés perdant toute inhibition et chantant à gorge déployée des chants nazis” ont été publiées dans toute l’Allemagne, quelques jours après la diffusion de la vidéo de Sylt.

Des jeunes d’un internat d’élite ont été mis en cause, des participants à une fête populaire, des clubbeurs en boîte de nuit… Leurs profils sont variés. “À chaque fois, des procédures en justice ont été lancées, notamment pour incitation à la haine.”

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