Yahoo Actualités Allemagne : le parti d’extrême droite AfD empêtré dans une affaire d’espionnage chinois, ce que l’on sait
Un assistant d’un député européen du parti d’extrême droite allemand a été arrêté après des soupçons d’espionnage en faveur de Pékin.
INTERNATIONAL - C’est une affaire qui ébranle actuellement l’extrême droite en Allemagne. Un assistant d’un député européen du parti AfD a été arrêté, lundi 22 avril, puis désormais suspendu, en raison de soupçons d’espionnage en faveur de la Chine, a indiqué le parquet fédéral ce mardi 23. Son domicile à Dresde, dans l’Est du pays, a été perquisitionné.
Cette interpellation intervient au lendemain de l’arrestation de trois ressortissants allemands soupçonnés eux aussi « d’avoir travaillé pour un service secret chinois » avant juin 2022. L’un d’entre eux a notamment « récupéré des informations en Allemagne sur des technologies innovantes pouvant servir à des fins militaires ».
Le HuffPost fait le point sur ce « Chinagate », comme l’ont déjà baptisé les Verts au Parlement européen.
• Qui est l’assistant arrêté ?
L’homme, nommé seulement Jian G. par le parquet mais identifié comme Jian Guo par la presse allemande, est accusé d’avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois.
Sur le site Internet du Parlement européen, l’homme figure sur la liste des assistants accrédités de l’eurodéputé Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD aux prochaines élections européennes.
Il s’agit d’un ressortissant allemand qui a travaillé comme assistant de Maximilian Krah à Bruxelles depuis 2019. Jian Guo vit à la fois à Dresde et à Bruxelles, selon les médias allemands.
Dans son communiqué, le parquet a précisé que « l’accusé avait transmis en janvier 2024 à plusieurs reprises des informations sur les négociations et les décisions du Parlement européen à son client du service de renseignement ». « Il a également espionné des membres de l’opposition chinoise en Allemagne pour le service de renseignement », a détaillé le parquet.
• Comment a réagi l’AfD ?
« Les informations concernant l’arrestation d’un assistant de monsieur Krah sont très préoccupantes », a déclaré l’AfD, dont le siège est situé à Berlin. « Comme nous ne disposons actuellement d’aucune autre information sur cette affaire, nous devons attendre la suite de l’enquête menée par le procureur général », a ajouté le parti avec prudence.
• Et le gouvernement allemand ?
La ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser a qualifié d’« extrêmement grave » cette arrestation. « S’il se confirme que les services de renseignement chinois ont espionné le Parlement européen de l’intérieur, il s’agirait d’une attaque contre la démocratie européenne », a-t-elle affirmé dans un communiqué.
• La Chine balait les accusation
« La théorie de la menace d’un prétendu espionnage chinois n’est pas une chose nouvelle dans l’opinion publique européenne », a souligné le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Et de dénoncer une « calomnie » destinée à « détruire l’atmosphère de coopération entre la Chine et l’Europe ».
• Au Parlement européen, les Verts réclament une enquête rapide
Le groupe des Verts au Parlement européen a aussitôt réclamé une enquête rapide sur les ingérences étrangères au sein de l’institution. « Avec un Chinagate qui s’ajoute à un Russiagate, le Parlement européen doit accélérer son enquête », a indiqué le groupe, réclamant que des résultats préliminaires soient publiés avant les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin.
« Ceux qui attaquent l’intégrité de nos démocraties doivent rendre des comptes », a insisté l’élue allemande Terry Reintke, l’une des deux têtes de listes des Verts pour le scrutin.
🚨 After #Russiagate and #Chinagate, the President of the European Parliament must speed up investigations into links between MEPs and authoritarian powers.
❌ Politicians who attack the integrity of our democracies must be held accountable! pic.twitter.com/7lPJGMkGUK— European Greens (@europeangreens) April 23, 2024
« La propension des extrême droites européennes à trahir les nations qu’elles prétendent défendre et à se mettre au service de tyrannies étrangères est l’une des rares constantes de l’Histoire », a de son côté réagi sur X l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, tête de liste des socialistes français aux élections européennes, en pleine progression dans les sondages.
La propension des extrême-droites européennes à trahir les nations qu’elles prétendent défendre et à se mettre au service de tyrannies étrangères est l’une des rares constantes de l’Histoire.
Nous lutterons jusqu’au bout contre ces patriotes de pacotille. Sans pause ni répit. https://t.co/siWGdX8bL0— Raphael Glucksmann (@rglucks1) April 23, 2024
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