Allemagne : ce que l’on sait de la violente agression de l’eurodéputé Matthias Ecke, qui crée le choc

Une affiche électorale du candidat principal du parti social-démocrate SPD, Matthias Ecke, pour les prochaines élections européennes, à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 4 mai 2024.
JENS SCHLUETER / AFP Une affiche électorale du candidat principal du parti social-démocrate SPD, Matthias Ecke, pour les prochaines élections européennes, à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 4 mai 2024.

ALLEMAGNE - C’est un fait divers qui ébranle l’Allemagne ces jours-ci. Un eurodéputé du parti social-démocrate (SPD), Matthias Ecke, a été attaqué et grièvement blessé vendredi 3 mai alors qu’il placardait des affiches électorales.

Une agression fermement condamnée par la classe politique qui s’inquiète de la montée des violences contre les élus. Point par point ci-dessous, Le HuffPost résume ce que l’on sait sur cette affaire, à quelques semaines des élections européennes.

• Comment s’est déroulée cette agression ?

Selon la police, l’élu âgé de 41 ans a été « frappé » par quatre inconnus lors de la pose d’affiches à Dresde, dans l’est de l’Allemagne. Il a dû « recevoir des soins médicaux à l’hôpital ».

Matthias Ecke a été « grièvement blessé et doit être opéré », a indiqué la fédération SPD de Saxe.

• Comment évolue l’enquête autour de cette agression ?

Un adolescent de 17 ans s’est rendu ce dimanche 5 mai aux autorités en affirmant être un des auteurs de la violente agression.

Avant cette agression, un homme de 28 ans collant des affiches pour le parti des Verts, dans la même rue, avait aussi été frappé « à coups de poing et de pied », a dit la police qui soupçonne le même groupe d’agresseurs.

• Comment réagissent les politiques allemands ?

« La démocratie est menacée par ce genre d’actes », a réagi samedi le chancelier allemand Olaf Scholz, souhaitant à Matthias Ecke, un membre de son parti, de « faire face à ce qui est entré dans sa vie comme une horreur ».

« Si une agression à motivation politique (...) se confirme à quelques semaines des élections européennes, cet acte de violence grave constitue une grave attaque contre la démocratie », a déclaré de son côté la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser. Elle invoque la responsabilité des « extrémistes et populistes, qui attisent un climat de violence croissante par des attaques verbales totalement disproportionnées ».

Les responsables du SPD de Saxe ont directement mis en cause le rôle du parti d’extrême droite AfD qui a connu une forte progression dans les sondages depuis un an. « Les graines semées par l’AfD et d’autres extrémistes de droite sont en train de germer. Leurs partisans sont désormais totalement désinhibés et nous considèrent manifestement, nous les démocrates, comme du gibier (...) », ont déploré Henning Homann et Kathrin Michel, dirigeants régionaux du parti SPD.

La direction de l’AfD a également condamné l’agression de Matthias Ecke.

En France, le député européen Raphaël Glucksmann lui a rendu hommage ce dimanche lors d’un débat avant les élections européennes.

• Des élus souvent ciblés en Allemagne

Jeudi soir déjà, deux élus des Verts, parti qui gouverne avec le SPD, avaient été pris à partie à Essen, dans l’ouest de l’Allemagne, et l’un d’eux frappé au visage.

Samedi 27 avril, quelques dizaines de manifestants s’en étaient pris à la vice-présidente du Bundestag Katrin Göring-Eckardt, une élue écologiste, après un événement public dans l’est de l’Allemagne. Sa voiture avait été bloquée et des renforts de police avaient dû être appelés.

Selon Armin Schuster, ministre de l’Intérieur de Saxe, où se tiendra un important scrutin régional le 1er septembre, 112 délits à motif politique liés aux élections ont été recensés dans le Land depuis le début de l’année - dont 30 contre des titulaires de fonctions politiques ou de mandats électifs. « Ce qui est absolument inquiétant, c’est l’intensité avec laquelle les attaques se multiplient actuellement », a déclaré Armin Schuster.

Selon des chiffres provisoires de police, 2 790 délits ont été commis en 2023 sur des représentants politiques en Allemagne contre 1 806 l’année précédente, mais 2 840 en 2021, année d’élections législatives.

D’après le quotidien Tagesspiegel, la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser prévoit de convoquer une conférence spéciale avec ses homologues des régions du pays pour s’attaquer aux violences contre les élus.

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