Allemagne: Journée décisive pour une éventuelle coalition Jamaïque

De profondes divergences séparent encore le bloc conservateur d'Angela Merkel, les libéraux et les écologistes en vue de la formation d'une coalition gouvernementale en Allemagne, après les élections législatives de septembre. /Photo prise le 16 novembre 2017/REUTERS/Axel Schmidt

par Paul Carrel

BERLIN (Reuters) - De profondes divergences séparent encore le bloc conservateur d'Angela Merkel, les libéraux et les écologistes en vue de la formation d'une coalition gouvernementale en Allemagne, après les élections législatives de septembre.

La chancelière de 63 ans, qui espère parvenir à un accord lui assurant un quatrième mandat de quatre ans à la tête du pays, veut que les "discussions exploratoires" lancées le mois dernier entre les trois formations se terminent dans la journée ou dans la nuit, afin de pouvoir enfin ouvrir des négociations officielles.

Angela Merkel a reconnu jeudi que la tâche était difficile mais se veut optimiste. "Nous avons des positions très, très différentes", a-t-elle déclaré à des journalistes. "Si ça marche, et je pense que ça peut marcher, il pourra y avoir un résultat positif à l'issue des négociations d'aujourd'hui. Mais c'est une tâche difficile."

Les discussions achoppent sur trois grands dossiers: l'immigration, les finances et le climat.

"Je ne sais pas si nous pouvons régler toutes nos divergences, tous nos désaccords", a confié Joachim Herrmann, un responsable de l'Union chrétienne-sociale (CSU), alliée bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Merkel.

Jens Spahn, un dirigeant de la CDU, a souligné dans un entretien au journal Passauer Neue Presse: "Il n'y aura pas d'accord de coalition à n'importe quel prix."

Les négociateurs devaient se rencontrer par petites équipes dans la matinée, avant des discussions décisives en début de soirée.

RISQUE DE NOUVELLES ÉLECTIONS

La coalition envisagée, qui n'a jamais été expérimentée au niveau fédéral, est surnommée "coalition Jamaïque", aux couleurs du drapeau jamaïcain : noir pour la CDU-CSU, jaune pour le FDP, vert pour les Grünen.

"L'échec de la coalition Jamaïque serait l'échec de Merkel", estime le quotidien Bild.

Les sociaux-démocrates du SPD, deuxième formation du Bundestag et qui avaient formé une "grande coalition" avec les conservateurs lors de la précédente législature, ont cette fois décidé de se "refaire des forces" dans l'opposition, après avoir enregistré le 24 septembre leur pire résultat de l'après-guerre, avec seulement 20,5% des voix.

Si aucun accord de coalition n'est trouvé, de nouvelles élections ne sont pas à exclure, un scénario qu'aucune des trois formations en discussion ne souhaite, de crainte de voir une nouvelle progression du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a fait son entrée en septembre au Bundestag.

Les discussions de jeudi devraient s'étendre tard dans la nuit et peut-être jusqu'aux premières heures de vendredi.

Un éventuel accord devra ensuite être approuvé par les instances de chaque parti. Dans ce cas, les Verts organiseront le 25 novembre une conférence afin d'en examiner les termes.

En cas d'échec jeudi ou vendredi matin, nombreux sont ceux qui sont prêts à jeter l'éponge. "Si on n'arrive pas à se mettre d'accord après trois semaines de discussions, alors trois jours de plus ne changeront rien", a ainsi estimé Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre-présidente CDU de la Sarre.

(Avec Michael Nienaber; Guy Kerivel pour le service français)