En Allemagne, pas d’élections législatives anticipées malgré la claque électorale d’Olaf Scholz

Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive pour assister à une réunion avec la direction de son parti social-démocrate SPD au siège du SPD à Berlin, le 10 juin 2024, un jour après les élections du Parlement européen.
MARKUS SCHREIBER / AFP Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive pour assister à une réunion avec la direction de son parti social-démocrate SPD au siège du SPD à Berlin, le 10 juin 2024, un jour après les élections du Parlement européen.

INTERNATIONAL - Inenvisageable. Alors que son camp n’arrive qu’en troisième position aux élections européennes en Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a exclu l’option d’un scrutin législatif anticipé, contrairement à la décision prise en France par Emmanuel Macon, a déclaré ce lundi 10 juin son porte-parole.

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L’idée d’élections anticipées, réclamées par l’extrême droite et des ténors conservateurs, n’a été envisagée « à aucun moment, pas une seconde », a précisé Steffen Hebestreit, et ce malgré un résultat « peu satisfaisant » des trois partis de la coalition gouvernementale, les sociaux-démocrates du chancelier, les Verts et les libéraux.

« La date des élections régulières est fixée à l’automne 2025. C’est ce que nous prévoyons de faire », a ajouté le porte-parole, soulignant les grandes différences entre le système français, dans lequel le président joue un rôle de premier plan, et allemand où l’ensemble du pouvoir exécutif national est dans les mains du chancelier et de son gouvernement. Pour autant, la défaire historique des sociaux-démocrates (SPD)pourrait sérieusement remettre en cause une nouvelle candidature d’Olaf Scholz lors de ces à l’automne 2025.

Le plus mauvais résultat des sociaux-démocrates depuis 1949

A eux trois, les partis de la coalition en place depuis fin 2021 ont recueilli moins d’un tiers des suffrages au scrutin européen de la veille et ont tous perdu du terrain, surtout les Verts, selon des résultats encore provisoires.

Avec 13,9 % des suffrages, selon des résultats provisoires, les sociaux-démocrates (SDP) ont essuyé leur plus mauvais résultat à un scrutin national depuis 1949, pire que leur score aux européennes de 2019 (15,8 %), en chute libre par rapport aux législatives de 2021 (25,7 %).

Le choc est également brutal chez les partenaires de gouvernement : les Verts (Grünen) passent de 20,5 % des voix en 2019 à seulement 11,9 %, et les libéraux (FDP) de 5,4 % en 2019 à 5,2 %. « Le combat contre le changement climatique était il y a cinq ans un sujet qui permettait de marquer des points, maintenant c’est un poids », constate Der Spiegel.

Le grand gagnant des élections est le camp des conservateurs, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son parti bavarois allié CSU, avec 30 %, qui est suivi du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) avec 15,9 %.

Olaf Scholz reste silencieux et poursuit sa ligne

Contrairement au président Emmanuel Macron, Olaf Scholz n’a pas réagi dimanche aux résultats. « Pour Olaf Scholz, les mots “conséquences” et “grandeur” sont du chinois en ce qui concerne son rôle de chancelier », fustige le quotidien conservateur Die Welt. « Emmanuel Macron a montré ce que cela signifie de tirer les conséquences (...) Olaf Scholz devrait suivre. Un chancelier ne peut pas être issu d’un parti qui fait un score de 14 % », ajoute-t-il.

Lundi, le chef de la CSU a appelé à l’organisation d’élections « le plus rapidement possible » et à « un nouveau départ pour notre pays ». Le gouvernement Scholz « n’a plus aucun soutien dans la population », a déclaré Markus Söder à la chaîne de télévision NTV.

Olaf Scholz « n’a plus qu’une seule tâche à accomplir », a jugé quant à elle la co-présidente de l’AfD Alice Weidel sur son compte X : « ouvrir la voie à de nouvelles élections - au lieu de gouverner une année de plus contre la grande majorité de la population ».

Depuis la création de la République fédérale d’Allemagne en 1949, des élections anticipées ont eu lieu à trois reprises après l’échec d’un vote de confiance au Bundestag, la chambre basse du Parlement : sous le social-démocrate Willy Brandt (1972), le conservateur Helmut Kohl (1982) et Gerhard Schröder, lui aussi social-démocrate, en 2005.

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