Algérie, où va ton cinéma ?

“Comme tant de composantes de l’identité algérienne, le cinéma algérien est né de la guerre d’indépendance”, explique The New Arab, évoquant la vague de films qui a vu le jour après 1962, portant sur l’histoire du pays et sa guerre de libération. Le site d’information panarabe s’interroge ainsi sur les menaces pesant sur l’avenir du septième art en Algérie, à l’aune de son histoire marquée par une construction nationaliste de l’industrie.

Les premiers films algériens, dans les années 1960, portent le sceau d’un fort patriotisme encouragé par le gouvernement, qui “est le principal financier des productions cinématographiques locales depuis l’indépendance”. Et la guerre était alors le sujet principal des cinéastes, à l’image de Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina (1975), couronné d’une Palme d’or à Cannes et qui raconte les prémices de la révolte contre les colons.

Corruption et népotisme

Mais le cinéma local a aussi été marqué et façonné par la situation socio-économique, selon The New Arab. “En Algérie, le fossé entre le discours officiel, patriotique et socialiste, et les intérêts personnels des élites crée un vide qui paralyse la créativité, notamment au cinéma.” D’autant que la base socialiste qui finance la production s’est retrouvée “enterrée sous d’épaisses couches de bureaucratie, de népotisme et de corruption”.

Le site cite ainsi plusieurs longs-métrages qui ont pâti de la corruption des financements publics et voit comme un réel problème l’inexistence de fonds privés dans l’industrie du cinéma, qui s’explique par le manque de retour sur investissement. Car “quand un film sort en Algérie, il est projeté dans une poignée de salles dans les grandes villes comme Alger, Oran, Annaba ou Constantine, avant d’être renvoyé pour être archivé”.

Des films produits en dehors de l’Algérie

Ainsi, l’histoire du cinéma algérien s’écrit de plus en plus à l’étranger, et semble dépendre de coproductions et de réalisateurs ne résidant pas en Algérie, selon The New Arab. Le journaliste Youcef Khalil déplore que de plus en plus de films produits en Europe “tentent d’aborder certains sujets de société algériens, mais avec un point de vue occidental. Ces films visent un public occidental en général”. Et de citer pour exemple Papicha, réalisé par la Franco-Algérienne Mounia Meddour (2019). Cette coproduction entre la France, la Belgique, l’Algérie et le Qatar, qui raconte l’histoire d’une étudiante en stylisme durant la décennie noire (1991-2002), simplifie selon lui trop la guerre.

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