En Algérie, le gaspillage alimentaire reste un mal chronique malgré l’inflation

“Pain, fruits, légumes, plats entiers et même de la viande figurent dans les rebuts que nous ramassons quotidiennement”, témoigne un agent de propreté pour le quotidien francophone d’État L’Expression. Selon une étude en cours de l’Agence nationale des déchets, 54 % des déchets en Algérie proviennent des aliments.

Parmi les produits les plus jetés figure le pain. “Rien qu’à Alger, environ 10 tonnes de pain sont jetées quotidiennement pendant le mois de ramadan”, explique au Jeune indépendant Sofiane Louassa, président de l’Association de protection du consommateur Himayatec.

“Regardez. C’est du pain, de la zlabia [pâtisserie traditionnelle consommée durant le ramadan]… Il y en a qui ne peuvent pas se les permettre pendant que d’autres les jettent”, s’indigne un agent de propreté de la wilaya de Béchar (ouest du Sahara algérien) dans une vidéo diffusée par le site DZ News. La vidéo est reprise par le site francophone TSA, qui s’étonne que le phénomène persiste au moment ou les Algériens sont nombreux à se plaindre de la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires.

Un gaspillage de 50 millions de dollars par an

Dans un éditorial qui plaide en faveur d’une “criminalisation du gaspillage”, le journal L’Expression rapporte que 13 millions de baguettes de pain, 200 000 quintaux de fruits et légumes et des millions de litres de lait, d’une valeur totale estimée à 50 millions de dollars, finissent chaque année aux ordures. Et l’éditorialiste de déplorer que l’Algérie débourse près de 15 milliards de dollars de subventions par an “pour maintenir le caractère social de l’État” :

“Le gaspillage s’est dangereusement incrusté dans nos us et coutumes, jusqu’à défier toute logique économique et sociale. Ni les campagnes de sensibilisation, ni les prêches religieux, ni la flambée excessive des prix, et encore moins la baisse du pouvoir d’achat, n’ont pu freiner ce terrible phénomène.”

Pour tenter d’y faire face, le ministère du Commerce a lancé pendant le mois de ramadan des “journées de sensibilisation sur la rationalisation de la consommation”, selon la Chaîne 3 du réseau de radios publiques. Les associations de consommateurs, elles, tentent d’expliquer que “la surconsommation provoque des tensions sur le marché et mène à des augmentations des prix” : après 7,2 % en 2021, le taux d’inflation a atteint 9,3 % en 2022, son plus haut niveau en vingt-six ans, note le quotidien francophone El-Watan en citant les chiffres de l’Office national des statistiques.

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