Algérie : Le parti Les Républicains publie un visuel qui n’a rien à envier à l’extrême droite la plus identitaire

Référence à la « rémigration », amalgame, démagogie… Ce visuel du parti d’Éric Ciotti fait bondir la gauche et provoque le malaise à droite. La justice va être saisie.

POLITIQUE - Y a-t-il un pilote dans l’avion de la communication des Républicains ? La question se pose après la diffusion d’un visuel par le parti présidé par Éric Ciotti ce jeudi 30 mai, en réaction à une demande faite par l’Algérie au sujet de la restitution de biens de la part de la France.

Européennes 2024 : François-Xavier Bellamy embarrassé par cette hypothèse d’une alliance de LR avec Macron

Ce photomontage, montrant des supporters algériens semblant célébrer une victoire dans les rues parisiennes après un match de foot, emprunte les codes utilisés de longue date par l’extrême droite identitaire. Il est accompagné du message suivant : « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF… ». Le tout agrémenté d’un détournement du slogan utilisé par les fans de la sélection algérienne (« One, two, three, viva l’Algérie ») pour lui apposer un émoji avion.

Comme nous l’écrivions l’an passé dans le sillage de l’affaire Nahel, Les Républicains ont déjà flirté avec les codes de l’extrême droite identitaire. Le symbole de l’avion est utilisé depuis des années par les militants adeptes de la « rémigration », ce concept défendu par Éric Zemmour durant la présidentielle et qui a récemment fait polémique en Allemagne, après la révélation d’une réunion secrète avec des membres de l’AFD projetant l’expulsion massive de personnes étrangères ou d’origine étrangère.

Sans surprise, ce visuel que n’aurait pas renié Génération identitaire a fait bondir la gauche, mais pas seulement. « C’est surtout votre dignité qu’il faut reprendre là… », a réagi la cheffe de file des écologistes, Marine Tondelier, tandis que la députée écolo Sandrine Rousseau juge ce montage « infâme » . « Hors du champ républicain », estime pour sa part le député LFI Paul Vannier. « Voilà comment un sujet sérieux, celui de la restitution des biens issus de la colonisation se transforme en message destiné à attiser les haines avec de jolis amalgames. Digne de l’extrême droite », fulmine le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Son collègue député PS Arthur Delaporte, annonce signaler le tweet pour « incitation à la haine et au racisme ».

Élue marseillaise, Ghania Benkedia (qui a quitté le parti après l’élection d’Éric Ciotti à la présidence LR) a vertement pris à partie son ancienne famille politique. « J’ai honte ! Je dénonce fermement cette sortie plus que hasardeuse ! C’est lamentable ! Une publication ordurière et xénophobe ! Vous avez franchi le Rubicon ! Rien ne vous différencie de l’extrême droite », a-t-elle déploré.

Sur le même réseau social, le communicant Alexandre Conan, engagé aux côtés du maire d’Aulnay-sous-Bois Bruno Beschizza, dit avoir « mal à sa carte » après la diffusion de ce visuel. « Même le Rassemblement National n’avait pas osé », regrette-t-il, avant de s’inquiéter du signal envoyé par cette publication en pleine campagne européenne : « si c’est avec ça qu’on pense passer les 5 % ».

Député LR du Territoire de Belfort, Ian Boucard s’est désolidarisé de la communication de son parti. « La droite républicaine ne devrait pas essayer d’imiter les populistes en espérant gratter quelques voix. La campagne menée courageusement par François-Xavier Bellamy montre que nous pouvons faire bien mieux », a-t-il regretté.

Cela fait plusieurs semaines que la communication de LR semble assumer un tournant démagogique, loin de la pondération habituellement attendue de la part d’un parti de gouvernement. Après la mort du jeune Matisse, le parti présidé par Éric Ciotti avait publié un visuel montrant une photo de l’adolescent tué par un jeune d’origine afghane. Soit le portrait d’un enfant disparu affublé d’un logo… Les Républicains.

À voir également sur Le HuffPost :

Sondages européennes 2024 : ce que disaient les enquêtes d’opinion à dix jours du scrutin de 2019