Alexeï Navalny : dans une vidéo inédite, l’opposant évoquait sa mort et livrait ses espoirs

Alexei Navalny ici en 2019, quelques mois avant son arrestation en Russie.
DIMITAR DILKOFF / AFP Alexei Navalny ici en 2019, quelques mois avant son arrestation en Russie.

INTERNATIONAL - Ces images sont parmi les dernières à montrer Alexeï Navalny vivant juste avant son arrestation. Une vidéo jamais diffusée d’un entretien de l’opposant russe avec un élu européen en décembre 2020 a été publiée ce mercredi 6 mars en exclusivité par les médias français Libération et LCI.

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« Je pense que s’ils me tuaient, cela ne changerait rien parce qu’il y a d’autres personnes qui sont prêtes à me remplacer », déclarait Alexeï Navalny, mort dans une colonie pénitentiaire en Arctique en février, dans cette interview que vous pouvez visionner ci-dessous.

« Ils (ses équipes, NDLR) savent travailler sans moi, parce qu’en fait je passe beaucoup de temps chaque année en prison et ils sont habitués à travailler sans moi. L’organisation perdurerait et continuerait à fonctionner, mais bien sûr ce serait plus difficile psychologiquement et en termes de motivation » pour les équipes, lançait-il, ajoutant : « Mais il y a d’autres personnes qui peuvent diriger ».

Un entretien dans le cadre de l’enquête sur son empoisonnement

Féroce critique de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny est mort le 16 février 2024 dans des circonstances obscures dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme », et a été inhumé vendredi dernier à Moscou. Sa mort a soulevé une vague de condamnations en Occident.

Emprisonné début 2021, avocat de formation, Alexeï Navalny dénonçait sans relâche la répression et la corruption des élites russes et critiquait, depuis sa cellule, l’assaut du Kremlin contre l’Ukraine.

Le 17 décembre 2020 à Berlin, un mois jour pour jour avant son retour en Russie et son arrestation, Alexeï Navalny avait rencontré le Français Jacques Maire, alors membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. L’élu européen avait été désigné comme rapporteur dans une enquête sur l’empoisonnement qui avait failli coûter la vie à l’époque à Alexeï Navalny, avec pour objectif est de « qualifier juridiquement les faits » et d’établir la responsabilité des autorités russes, détaille Libération.

La défense du peuple russe face à Vladimir Poutine

Dans une déposition filmée dans une salle de réunion d’un hôtel, Alexeï Navalny revenait, en anglais, sur les circonstances de son empoisonnement en Sibérie à l’été 2020, le rôle des services secrets dans sa vie depuis qu’il avait décidé de briguer la présidence russe, et ce qu’il pensait de Vladimir Poutine.

À la question de Jacques Maire lui demandant s’il pensait être arrêté à son retour, Alexeï Navalny avait répondu : « C’est une question à laquelle je ne préfère pas répondre (...) Ils profèrent sans cesse des menaces, ils ont saisi mon appartement et mes comptes en banque (...). Est-ce que je serai arrêté à l’aéroport ? Ou plus tard ? Je n’en ai aucune idée ».

« Il y a des millions de personnes qui refusent de vivre dans un pays où tout le pouvoir est concentré aux mains d’une seule personne », avait déclaré l’opposant, ajoutant : « Au moins la moitié du pays souhaite que la Russie soit un pays européen normal mais il (Vladimir Poutine, NDLR) veut tout faire pour étouffer, pour repousser ce genre de pensées ou de mouvements politiques ».

Un entretien rendu public pour « rendre hommage » à Navalny

Il revient aussi longuement sur son empoisonnement et explique qu’il n’aurait jamais pensé être visé par « une arme chimique ». « C’est ce que j’ai pensé, que c’était faux, qu’ils n’utilisaient de telles méthodes que contre des terroristes, des espions ou des traîtres. Contre les opposants politiques, ils ont recours à des campagnes de diffamation ou la prison. Mais c’était une très grosse erreur de ma part », reconnaît-il.

Jacques Maire a expliqué à Libération que cet entretien n’avait pas vocation à être rendu public. Mais vu les circonstances de la mort du militant anti-corruption « (c)es documents d’intérêt public pour l’histoire », justifie-t-il. C’est aussi « une façon aussi de (lui) rendre hommage », ajoute-t-il.

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