Alexandre Jardin – Les malades sont nos frères !

L'écrivain Alexandre Jardin.
L'écrivain Alexandre Jardin.

Mardi soir dernier, alors que je jubilais d'apprendre que les librairies françaises allaient rouvrir, après tous nos combats pugnaces, il aura suffi d'une petite phrase coupante d'Emmanuel Macron pour figer mon sang : « Je souhaite que le gouvernement et le Parlement prévoient les conditions pour s'assurer de l'isolement des personnes contaminées, y compris de manière plus contraignante. » Ce dispositif passera par la contrainte, a-t-il averti. « Nous devons être plus contraignants » avec ceux qui ont le virus, a-t-il encore insisté.

D'un coup d'un seul, le Français que je suis est devenu tricolore : bleu d'inquiétude, blanc de stupeur, rouge de colère. Nous voilà repartis pour la vraie folie bureaucratique, le piétinement assumé des valeurs de la France, le somnambulisme étatique et la tentation répugnante de l'autoritarisme administratif.

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D'un coup d'un seul, je me suis souvenu que nous venions de vivre une séquence de haut délire où la police nationale verbalisait sans vergogne des libraires traités en délinquants, où des sous-préfets faisaient fermer des librairies et où l'État, devenu cinglé, faisait légalement bâcher les livres dans la grande distribution et où, ne l'oublions pas, une partie du gouvernement, indigné en privé, se la bouclait en public. Période de haute voltige schizophrénique. Période où l'administration, saisie de la passion de réglementer, autorisait la vente [...] Lire la suite