"Albert Cohen-Marcel Pagnol, coup de foudre au lycée de Marseille", la chronique de Bernard Pivot

C’est une amitié invraisemblable. Comment croire que ces deux-là, si différents, appartenant à deux mondes étrangers l’un à l’autre, aient pu être leur vie durant des amis d’une invincible fidélité? Albert Cohen et Marcel Pagnol. Albert Cohen, le petit Juif de Corfou né en 1895, arrivé à Marseille cinq ans plus tard parce que l’antisémitisme s’était installé dans l’île et que la savonnerie familiale prenait l’eau.

Marcel Pagnol, né lui aussi en 1895, à Aubagne, fils d’un instituteur dont la famille en comptait beaucoup d’autres. Albert Cohen, naturalisé suisse, haut fonctionnaire international à Genève, auteur en 1946 d’un accord qui permit aux réfugiés d’avoir un passeport. Marcel Pagnol, écrivain provençal qui conquit Paris avec ses pièces de théâtre, ses films, ses récits où la tendresse et l’humour lui ont mérité une popularité considérable et son entrée à l’Académie française.

Albert Cohen et Marcel Pagnol deviennent des copains inséparables au lycée

Albert Cohen, tragique et comique, a raconté la saga d’une famille juive de Céphalonie, les Solal, jusqu’à son chef-d’œuvre Belle du Seigneur, paru en 1968. Deux écrivains aux œuvres bien différentes, où l’on peut cependant se demander qui, des Juifs ou des Provençaux, l’emporte par la faconde. On imagine mal une conversation entre des gens aussi dissemblables que Marius, Mangeclous, César, Solal, Panisse ou Saltiel. Le miracle eut lieu à Marseille, le mardi 3 octobre 1905.

Albert Cohen et Marcel Pagnol entrent en sixième au ...


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