Alain Giresse : « Une disparition comme ça, c’est d’une tristesse infinie »

Au téléphone, sa voix se fait petite. Alain Giresse vient d’apprendre la disparition de « son coach » Henri Michel, celui pour qui il éprouvait plus que de la sympathie, « de l’affection ». Avec en point d’orgue leur « aventure » lors de la Coupe du Monde 1986 au Mexique et le fameux match face au Brésil en quart de finale à Guadalajara.

Alain Giresse lors de France-Brésil 1986
Alain Giresse lors de France-Brésil 1986

Henri Michel vient de nous quitter, que ressentez-vous ?

Alain Giresse : Oh putain, oh putain… Vous me l’apprenez. Ça fait mal, c’est d’une tristesse infinie pour de multiples raisons. Moi, ça a été mon coéquipier en équipe de France, j’étais très jeune et lui était déjà installé en équipe de France. Ça a été mon coach et celui de l’équipe de France après 1984, notamment pendant la Coupe du Monde 1986. Dans ces périodes-là, c’est quelqu’un qu’on apprécie, qui avait su prendre le management de notre équipe. Et voilà, une disparition comme ça, brutale, même si je savais qu’il n’était pas bien, ça fait un choc.

Humainement comment était-il ?

A. G. : C’était un homme qui avait toujours de l’enthousiasme. Il avait beaucoup de caractère. C’était un joueur aux qualités techniques reconnues et puis c’était un tempérament, la joie de vivre, de jouer. C’était un sudiste, un Méditerranéen.

Quel souvenir gardez-vous de lui en tant que coach ?

A. G. : Je retiens surtout notre aventure surtout à travers le match du Brésil (en quart de finale de la Coupe du Monde 1986, victoire des Bleus aux tirs aux buts, ndlr) qu’on avait préparé avec cette finalité. Mais avant, on n’en menait pas large. Mais voilà, on s’était tous mobilisé, lui le premier.

Vous souvenez-vous de ses mots, de sa façon de faire dans ces moments-là ?

A. G. : Il vivait à plein l’événement, il était imprégné, transcendé par l’importance, avec beaucoup d’émotion, beaucoup de détermination pour l’événement. Au-delà de l’aspect tactique du match, il parlait avec son coeur, sa générosité qu’il avait par rapport à un événement, un match de foot.

Il vous rendait meilleur ?

A. G. : Je crois qu’il nous permettait d’être nous, qu’on exprime notre potentiel, nos qualités et c’est ça l’entraineur. C’est celui qui est capable de pouvoir faire en sorte que les joueurs, par la façon dont il les manage, puissent exprimer leur qualité et arriver à en tirer le maximum. Et ça il savait le faire.

Quel genre de relation entreteniez-vous ces dernières années ?

A. G. : J’avais plus que de la sympathie, j’avais de l’affection pour lui, même si c’était mon coach. On avait été coéquipiers pour beaucoup d’entre nous. On le tutoyait sans lui manquer de respect. Il y avait une proximité avec lui et des relations sincères.

Une affection qui se matérialisait comment ?

A. G. : Dans le plaisir de se rencontrer. Quand on se croisait, on avait la satisfaction de se retrouver, d’échanger et de parler de bons moments. Ce sont des choses qui font plaisir.