Emirates annule sa commande de 70 A350 à Airbus

PARIS (Reuters) - Airbus a annoncé mercredi l'annulation par Emirates de l'intégralité de sa commande de 70 A350, après avoir commandé en novembre dernier 50 A380, soulignant le risque de cannibalisation entre les deux long-courriers de l'avionneur européen.

La méga-commande d'A380 de la compagnie de Dubai était essentielle pour l'équilibre financier du programme du très gros porteur, attendu pour 2015, tandis qu'Airbus prépare l'entrée en service de l'A350 fin 2014 au moment où Boeing lance le 777X, la version améliorée de son long-courrier vedette.

La commande d'Emirates pour 50 A350-900 ainsi que 20 A350-1000, la plus grande des trois versions de l'A350, avait été placée en 2007 pour un montant total de 16 milliards de dollars aux prix catalogue de l'époque - soit 22 milliards actuellement.

Airbus Group, maison-mère d'Airbus, chute de 4% vers 11h10 à la Bourse de Paris.

Le directeur commercial d'Airbus John Leahy a assuré que cette annulation massive n'entraînerait pas de hiatus dans la production de l'A350, disant avoir reçu des demandes de compagnies aériennes pour les créneaux de livraisons libérés par Emirates qui se situaient à compter de 2019.

"Ce n'est jamais une bonne nouvelle quand quelqu'un annule une commande, mais s'il le fait parce que ses besoins en termes de planification de flotte ont changé (...), je ne pense pas que cela aura un impact", a-t-il déclaré en ouverture des Innovations Days qui se tiennent mercredi et jeudi au siège d'Airbus à Toulouse.

Emirates est également en train de confirmer une commande de 150 777X, le dernier-né de Boeing, pour une valeur de 76 milliards de dollars aux prix catalogue.

Un porte-parole de compagnie du Golfe a dit que le groupe revoyait ses besoins en termes de flotte.

"Emirates veut visiblement opérer une flotte avec deux avions, l'A380 et le 777X. C'est un effet collatéral du lancement du 777X. Emirates n'avait pas anticipé le 777X lorsqu'ils avaient commandé les A350", a estimé un analyste parisien.

John Leahy a dit anticiper de nouvelles commandes de l'A350 en 2014, soulignant qu'à six mois de sa mise en service, le carnet de commandes du nouvel avion se monte à 742 commandes fermes.

L'A350 est actuellement dans sa phase finale d'essais avant sa livraison fin 2014 à son premier client, Qatar Airways, tirant les leçons du lancement de son A380, qui avait multiplié les retards, et du Boeing 787 - le concurrent frontal de l'A350-900 - qui a dû subir des modifications après son entrée en service.

Emirates, qui est le principal client de l'A380, a réclamé une amélioration du très gros porteur avec un moteur plus efficace, après avoir porté ses commandes totales du plus gros avion du monde à 140 unités en novembre.

Airbus est également en train d'étudier une remotorisation de l'A330, qui viendrait concurrencer frontalement son propre futur A350-800, la plus petite des trois versions de l'A350.

John Leahy a dit qu'Airbus ne prendrait peut-être pas de décision sur un éventuel lancement de l'A330neo - nom inspiré de l'A320neo, la version remotorisée du moyen-courrier vedette d'Airbus - avant le salon aéronautique de Farnborough qui a lieu vers la mi-juillet.

Rolls-Royce, seul motoriste de l'A350, a estimé que la décision d'Emirates aurait un impact de 2,6 milliards de livres (3,2 milliards d'euros) sur son carnet de commandes.

L'action Rolls-Royce cède 2,2% à la Bourse de Londres dans la matinée.

(James Regan, Cyril Altmeyer et Gilles Guillaume, édité par Véronique Tison)