Aide humanitaire, désescalade entre Israël et le Hamas... Pourquoi Emmanuel Macron se rend en Égypte
Une étape capitale. Après un déplacement en Israël et en Palestine ce mardi puis en Jordanie mercredi matin, Emmanuel Macron se rend dans l'après-midi au Caire pour rencontrer le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi. Le pays le plus peuplé du monde arabe compte bien être aux avant-postes pour parvenir à faire redescendre la pression entre Israël et le Hamas.
"Le président met de l'huile dans les rouages en allant voir tous les acteurs du conflit", résume auprès de BFMTV.com un député Renaissance, membre du groupe d'amitié France-Égypte à l'Assemblée nationale.
"On ne peut pas se passer de l'Égypte qui est le seul pays à avoir une frontière directe avec Gaza et qui détient une partie de la situation entre ses mains", ajoute encore ce parlementaire.
Convaincre l'Égypte de faciliter l'accès à l'aide humanitaire
Les 2,3 millions de Gazaouis subissent un siège total les privant d'eau, d'électricité, de nourriture et de carburant. Pour l'instant, seuls trois convois d'aide humanitaire ont pu passer ces derniers jours par la ville palestinienne de Rafah, à la frontière égyptienne, le seul point de sortie et d'entrée vers Gaza qui ne soit pas contrôlé par Israël. Les ONG réclament, elles, au moins 100 camions par jour.
Si un accord a été signé entre Israël et l'Égypte pour faire passer ces véhicules, Le Caire a posé des "restrictions" , d'après Antonio Gutteres, le secrétaire général de l'ONU.
"C'est l'Égypte qui a la main sur les denrées humanitaires et donc par ricochet sur les conditions de vie à Gaza. Emmanuel Macron va tenter d'infléchir la position d'Abdel Fatah al-Sissi", décrypte Christian Makarian, éditorialiste international pour Le Point et Radio classique.
L'Égypte vise cependant à afficher sa solidarité avec la Palestine. S'il n'est pas question pour elle d'accueillir des Gazaouis dans le Sinaï, des manifestants ont été autorisés à protester aux portes de Gaza tout comme dans plusieurs grandes villes du pays. Les manifestations sont pourtant officiellement interdites par le gouvernement.
Afficher son soutien à la diplomatie égyptienne
L'Égypte a organisé samedi au Caire "le sommet pour la paix" afin d'obtenir une désescalade à Gaza. Avec un succès mitigé: si une trentaine de pays et d'organisations internationales étaient présents autour de la table, aucune déclaration finale n'en est ressortie.
L'Égypte a de bonnes raisons de vouloir avancer sur la résolution du conflit entre le Hamas et Israël. De par sa position géographique, elle pourrait l'être l'une des premières victimes d'une extension régionale du conflit. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, Abdel Fattah al-Sissi s'efforce de combattre la montée de l'islamisme, vu comme un concurrent politique direct.
"Emmanuel Macron est très conscient que le pire cauchemar de l'Égypte, ce serait d'avoir le retour d'attentats sur son sol, à quelques mois à peine de la prochaine présidentielle. C'est un levier fort", explique Nicolas Tenzer, spécialiste en relations internationales.
Mais la situation a également des avantages: dans un Moyen-Orient qui a vu ces dernières années la montée en puissance du Qatar, l'Égypte espère bien regagner du terrain diplomatique, elle qui avait été la première à signer la paix avec Israël en 1979.
"Si la situation n'est pas évidente pour Abdel Fatah al-Sissi, c'est évidemment une grande chance pour lui de pouvoir s'afficher aux côtés de leaders du monde occidental", explique un député Renaissance du groupe d'amitié France-Égypte.
Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, a déjà appelé à un "rendez-vous dans six mois" pour un "nouveau sommet de la paix", probablement à nouveau au Caire.