Agriculture, Russie : Gabriel Attal a lâché les chevaux contre le Rassemblement national

De l’agriculture à la Russie, la semaine où Gabriel Attal a lâché les chevaux contre le RN
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP De l’agriculture à la Russie, la semaine où Gabriel Attal a lâché les chevaux contre le RN

POLITIQUE - Il y a eu l’arc, voilà les flèches. Après avoir marqué les esprits en intégrant le Rassemblement national à « l’arc républicain » dans ses premières déclarations depuis Matignon, le Premier ministre hausse le ton contre le parti d’extrême droite, alors que se lance la campagne pour les élections européennes.

Des accords de libre-échange signés en pleine crise agricole mais assumés par la Macronie

Depuis qu’il a proposé un débat à Marine Le Pen pour la coincer sur l’agriculture – débat refusé par l’intéressée – le chef du gouvernement multiplie les offensives sur de nombreux sujets. Le but ? Débusquer les incohérences du parti lepéniste – en meeting ce dimanche à Marseille – et pointer le danger qu’il représente, à l’heure d’enquêtes d’opinions très flatteuses pour lui.

Une stratégie qui revient à endosser pleinement le rôle « anti-Bardella » que certains taillaient pour lui au moment de sa nomination rue de Varenne, et à faire du parti d’extrême droite son seul adversaire pour le 9 juin prochain.

« Passagers clandestins » de la crise, « troupes de Poutine »

Mardi 27 février, au salon de l’agriculture. Alors que Jordan Bardella vient d’enchaîner deux longues visites marquées par d’innombrables selfies et l’accueil bienveillant des exposants et visiteurs, le Premier ministre tape fort. Depuis le studio de RTL, installé porte de Versailles pour l’occasion, il accuse le RN d’être les « passagers clandestins » de la crise agricole, pointant leur « incohérence absolue ».

Les dirigeants du parti « viennent butiner sur cette crise, expliquer qu’ils auraient toutes les solutions », mais en « 40 ans », le RN n’a « absolument rien fait, rien proposé », fustige Gabriel Attal, citant les atermoiements de Marine Le Pen sur la PAC, sur l’assurance récolte ou sur la loi Egalim.

Autre sujet, autres flèches, l’après-midi même, mais cette fois-ci à l’Assemblée nationale. Alors que la cheffe de file du RN brocarde la dernière déclaration d’Emmanuel Macron sur la possibilité, un jour, d’envoyer des troupes en Ukraine, Gabriel Attal réplique avec une longue tirade pour rappeler les liens et la complaisance du parti lepéniste à l’égard du Kremlin.

« Vous attendiez la première occasion pour rappeler les vraies fidélités et le vrai visage qui sont les vôtres », lance-t-il, avant d’enchaîner les flèches : « Vous défendiez une alliance militaire avec la Russie il y a seulement deux ans » ; « si vous aviez été élue en 2022, on serait en train de fournir des armes à la Russie pour écraser les Ukrainiens » ; « il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays. Je parle de vous et de vos troupes, Madame Le Pen. »

Le « combat existentiel » de Macron

Trois jours plus tard, vendredi 1er mars, c’est sur les questions économiques que le Premier ministre embraye. En déplacement dans une usine dans les Vosges, il cible ceux qui font de la « résignation une arme électorale », mais « ne proposent pas grand-chose, changent d’avis sur tout ». Et se montre plus explicite auprès du journal de La Tribune, qui l’accompagne : « Sur le travail et l’économie, le RN a un logiciel proche de l’extrême gauche, qu’il peine à assumer. »

La logique semble désormais bien rodée : un micro, une pique. En face, le Rassemblement national n’est pas en reste. Le président du parti multiplie lui les attaques contre Emmanuel Macron, « son seul adversaire », dit-il, quitte à parler de « schizophrénie » ou de « paranoïa » et à verser dans le champ lexical des troubles mentaux.

De quoi laisser entrevoir une campagne rude pour les élections européennes. Car derrière ces escarmouches se cache « le combat existentiel » d’Emmanuel Macron - selon ses propres termes - pour la construction européenne et contre l’extrême droite. Sans doute, aussi, le retard accumulé par le camp présidentiel sur Jordan Bardella dans les intentions de vote.

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