Agricultrice surdiplômée et très médiatique... Qui est Céline Imart, la prise des Républicains pour les européennes

Ses discussions pour rallier l'ancien patron de Frontex, Fabrice Leggeri, n'ont pas abouti au profit du Rassemblement national, mais François-Xavier Bellamy peut malgré tout se réjouir d'une belle prise médiatique. Céline Imart, agricultrice de 36 ans, est céréalière dans le Tarn et désormais numéro deux sur la liste Les Républicains (LR) aux élections européennes 2024.

Dimanche 18 février, elle se présentait elle-même au Figaro comme étant "une femme de terrain, de la ruralité, passionnée d’agriculture et engagée depuis plusieurs années pour défendre le monde agricole et ses filières".

"Nous allons nous battre pour une France décisive en Europe", a-t-elle également déclaré. "À travers elle, j'ai voulu donner la parole à tous ceux qui se battent notamment en zone rurale pour enrayer le déclin de la France", s'est félicité le même jour Éric Ciotti en annonçant au Figaro la nouvelle. Ce lundi, en Seine-et-Marne, elle effectuait sa première visite d'une exploitation agricole aux côtés d'Éric Ciotti et de François-Xavier Bellamy.

Porte-parole d'Intercéréales

Diplômée de Sciences Po Paris et de l'Essec, Céline Imart a choisi de reprendre l'exploitation familiale dans le Tarn. Dans le cadre de son activité, elle est également porte-parole d'Intercéréales, l'interprofession qui regroupe producteurs, coopératives et exportateurs des céréales en France.

"Fière d’engager le combat pour porter au niveau de l’Europe la voix de notre agriculture, des femmes et des hommes qui font vivre nos territoires", a-t-elle annoncé sur X ce dimanche, à la suite de l'annonce de son ralliement.

Figure médiatique du monde agricole

Cette habitante du petit village d'Aguts, 200 habitants, n'est pas une inconnue du grand public ni du monde politique. En 2018, les spectateurs ont pu la découvrir face à Nicolas Hulot dans "l'Émission politique" de France 2 du 22 novembre. La trentenaire y a notamment défendu bec et ongles la Politique Agricole Commune (PAC) de l'Union européenne. Et a vivement critiqué l'interdiction "brutale" du glyphosate.

Petit à petit, c'est devenu une figure du paysage agricole français. Actuelle membre du bureau de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM), elle a aussi été vice-présidente du syndicat Jeunes agriculteurs qui a appelé au "blocus" de Paris fin janvier.

À l'époque, elle se met en scène dans plusieurs vidéos pour dénoncer les normes qui pèsent sur le milieu agricole. Lors d'une session TedX Toulouse, son exposé d'une vingtaine de minutes intitulé "Agriculture - idées reçues, réalités" est reçu chaleureusement avec plus de 500.000 vues sur YouTube.

En mai 2016, déjà, elle débattait avec Jean-Luc Mélenchon, alors candidat à l'élection présidentielle, dans l'émission "Des paroles et des actes". Et l'accusait d'"insulter les agriculteurs français".

Ancienne responsable financière d'une filiale Bolloré

Céline Imart a pu apprendre à construire sa rhétorique et la maîtrise de son image de femme agricultrice, deux caractéristiques rares en politique, bien avant de reprendre l'exploitation de 150 hectares de maïs, blé, colza et tournesol de ses parents.

Après les bancs de Sciences Po et ceux de l'Essec, cette surdiplômée a été responsable financière dans de grandes multinationales. Pendant deux ans, elle a été directrice financière d'une filiale du groupe Bolloré au Chili, à en croire La Dépêche dans un portrait local publié en 2012. À son retour à Paris, elle intègre l'un des plus gros cabinets d'expertise de la capitale, PricewaterhouseCoopers (PwC), comme le précisait Le Figaro dans un portrait en 2023.

Pour une agriculture européenne plus claire

Critique acerbe des ONG de défense de l'environnement, elle s'est à plusieurs reprises prononcée pour le progrès biotechnologique en matière d'agriculture en déplorant ses freins. "Sociétalement, on nous empêche d'utiliser ces innovations", faisait-elle remarqué dans un numéro de la revue professionnelle de l'Association Française des Biotechnologies Végétales, consulté par Le Nouvel Obs

Pour l'opinion publique, on devrait revenir à l'agriculture bucolique telle qu'elle est imaginée dans 'Martine à la ferme", s'agaçait-elle.

Dans une interview à La Croix, en février 2016, elle se prononçait pour un débat "serein sur ces questions", sans stigmatiser les pesticides et leurs utilisateurs. Elle y listait déjà des mesures "simples, mais urgentes" à prendre.

Il faut "harmoniser les normes au niveau européen; mieux tracer l’origine des produits; faire un choix clair entre une agriculture européenne ouverte, qui se bat sur les marchés mondiaux avec les mêmes armes que ses concurrentes, et une agriculture plus réglementée mais également plus protégée", expliquait-elle.

Article original publié sur BFMTV.com