Des agriculteurs veulent bloquer le marché de Rungis lundi, un symbole aussi économique que politique

Selon la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, des agriculteurs du département se mettront en route lundi à 9 heures pour aller bloquer le marché d’intérêt national.

Au marché international de Rungis, dans le Val-de-Marne, le 6 décembre 2023.
DIMITAR DILKOFF / AFP Au marché international de Rungis, dans le Val-de-Marne, le 6 décembre 2023.

AGRICULTEURS - C’est une nouvelle étape qui s’annonce très symbolique dans le mouvement de contestation du milieu agricole. Des agriculteurs du Lot-et-Garonne, l’un des points chauds de la mobilisation en France, entendent en effet « monter à Paris » à partir de lundi pour aller bloquer le marché d’intérêt national de Rungis, dans le Val-de-Marne, a annoncé ce samedi 27 janvier la Coordination rurale du département.

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« Nous avons décidé dès lundi matin de partir direction Paris, en tracteurs, pour rejoindre le mouvement. On a décidé de monter à Paris bloquer Rungis », a déclaré José Pérez, coprésident de la CR 47. « On part lundi à 9 heures d’Agen, on prend l’autoroute à Cahors, on monte à Paris en passant par Limoges et on récupère tous les gens qui veulent se joindre à nous », a-t-il ajouté.

Alors que les annonces de la veille de Gabriel Attal ont été jugées insuffisantes par la profession, c’est le premier syndicat à annoncer ouvertement l’objectif d’un blocage majeur à Paris ou à proximité de Paris, évoqué jusqu’à présent comme une possibilité par d’autres organisations.

« On a décidé ça un peu tout seuls, on a échangé avec la Haute-Vienne », a dit José Pérez. « On ne peut pas rester comme ça. Sur Agen, on a tout fait, on ne peut pas faire plus. On ne veut pas faire les “zadistes”, c’est le moment de sortir. Ça n’avancera plus sur Agen, on ne peut pas rester là. On est déterminé, lundi, 9 heures, notre cortège partira d’Agen », a-t-il assuré, précisant que le blocage de l’A62 entre Bordeaux et Toulouse, entamé il y a plusieurs jours, allait prendre fin samedi soir.

Le discours d’Emmanuel Macron en 2017

Ce samedi, les Jeunes Agriculteurs (JA) ont estimé pour leur part que l’idée de cibler Paris n’était « pas tranchée », le syndicat devant encore prendre le temps de « recalibrer la mobilisation » selon son secrétaire général, Pierrick Horel, qui a pour sa part exclu un « blocus de Rungis ».

Le marché d’intérêt national (MIN) de Rungis, au sud de la capitale, est le premier marché de gros de produits frais d’Europe. En 2022, trois millions de tonnes de marchandises ont transité par Rungis pour un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros, dont le secteur fruits et légumes occupe la plus grande part.

Cet acteur économique majeur du pays est doublé d’un symbole politique : c’est ici qu’Emmanuel Macron avait fait son tout premier discours au monde agricole, en octobre 2017. Durant 1 h 30, le président, alors élu depuis quelques mois, avait détaillé son plan pour l’agriculture et l’alimentation à l’horizon des cinq années qui venaient.

Il appelait à l’époque tous les acteurs concernés, agriculteurs, industriels et distributeurs, mais aussi les ONG et les associations de consommateurs, à « passer d’une logique de guerre de position » à « une offensive collective », invitant chacun à « prendre ses responsabilités » pour « repenser la nouvelle France agricole » qu’il appelait de ses vœux.

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