Agriculteurs : Gabriel Attal retourne sur le terrain, les syndicats ne sont toujours pas convaincus

Gabriel Attal à Parçay-Meslay, en Indre-et-Loire, ce 28 janvier.
ALAIN JOCARD / AFP Gabriel Attal à Parçay-Meslay, en Indre-et-Loire, ce 28 janvier.

AGRICULTEURS - Le Premier ministre Gabriel Attal, de retour sur le terrain ce dimanche 28 janvier, a une fois encore tenté d’apaiser la colère des agriculteurs en promettant « d’avancer vite », sur fond de menace de « siège » de Paris par certains syndicats. Ceux-ci estiment insuffisantes les premières annonces en faveur du secteur.

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Le Premier ministre a notamment déclaré qu’il envisageait des mesures « supplémentaires », aux niveaux national et européen, pour protéger les agriculteurs contre la concurrence déloyale d’autres pays qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires.

« Je veux qu’on clarifie les choses et qu’on voie les mesures que l’on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale », a-t-il déclaré lors de la visite d’une exploitation agricole à Parçay-Meslay, en Indre-et-Loire. « Ce n’est pas normal que vous soyez empêchés d’utiliser certains produits », alors que « des pays voisins, Italie ou autres » peuvent y avoir recours, a dit le chef du gouvernement, cherchant à répondre à l’une des revendications des agriculteurs en colère.

Les mesures annoncées « sont appelées à se décliner sur d’autres sujets », a quant à lui promis le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

Promesse de grande tension à Paris

Engagé dimanche dans une discussion à bâtons rompus avec plusieurs agriculteurs, Gabriel Attal n’a pas donné plus de précisions sur les mesures qui pourraient être prises. Ces contraintes réglementaires environnementales touchent principalement à des produits phytosanitaires que les agriculteurs français ne peuvent plus utiliser.

Il est revenu sur ses annonces que beaucoup ont jugé insuffisantes. « Je sais bien que, à travers ces premières mesures (annoncées vendredi, NDLR), on n’a pas répondu encore à tout ce que je viens d’évoquer et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd’hui. Et je suis résolu à avancer, avancer résolument, à avancer vite », a déclaré dans la journée le Premier ministre à La Riche (Indre-et-Loire).

Ce déplacement, le deuxième en trois jours, a eu lieu au moment où la situation menace de se tendre de nouveau après un début d’accalmie, avec un projet de blocage d’accès à Paris. « Dès lundi 29 janvier à 14 h 00 les agriculteurs des départements : l’Aisne, l’Aube, l’Eure, l’Eure-et-Loir, l’Île-de-France, la Marne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Seine-et-Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée », promettent les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national.

« Il faut aller beaucoup plus loin »

Et le déplacement du Premier ministre ne semble pas avoir convaincu les syndicats. La FNSEA d’Arnaud Rousseau a appelé au « calme et à la détermination » avant une « semaine de tous les dangers ». Le président du syndicat a prévenu que leur mobilisation restait « totale » malgré les annonces de Gabriel Attal.

« Le Premier ministre, en déplacement en Indre-et-Loire, a dit “on comprend que peut-être, il faut aller plus loin”. Je lui confirme, il faut aller beaucoup plus loin », a-t-il ajouté. « Tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale », a aussi dit Arnaud Rousseau, qui s’exprimait sur un barrage installé sur l’A16 près de Beauvais (Oise).

Il a également prévenu que la séquence qui s’ouvre était celle d’une « semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu’ensuite chacun prendra ses responsabilités ». « Notre objectif n’est pas la violence, ni d’aller à la provocation, si certains veulent le faire ils le feront en dehors du cadre qui est le nôtre », a-t-il toutefois précisé.

Dans le Gard, la venue de Fesneau sinon rien

Ils ne sont pas convaincus non plus : des agriculteurs du Gard qui bloquent depuis jeudi matin l’autoroute A9 au niveau de Nîmes exigent « la venue du ministre de l’Agriculture avec des annonces concrètes », faute de quoi ils ne lèveront pas leur barrage, a déclaré dimanche leur représentant.

Les mesures « supplémentaires » annoncées dimanche matin par le Premier ministre Gabriel Attal n’apportent « aucune avancée significative », a réagi le président de la FDSEA du Gard, David Sève, interrogé par l’AFP. « Pour l’instant, on n’a rien obtenu sur l’agriculture méditerranéenne, les fruits et légumes, la viticulture… », a observé le syndicaliste.

« On demande la venue du ministre de l’Agriculture (Marc Fesneau) mardi ou mercredi ici avec des réponses concrètes. Sans ça, on ne lèvera pas le barrage sur cette autoroute qui symbolise l’entrée en masse des fruits, légumes et vins qui arrivent d’Espagne et nous tuent », a-t-il déclaré.

De son côté, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a mis en garde : « Les agriculteurs (...) doivent pouvoir exprimer leurs revendications, pas au prix du blocus de Paris, de la région parisienne », a-t-il affirmé sur BFMTV, en avertissant qu’il y aurait une « tolérance zéro sur les violences et les dégradations » .

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