Un agriculteur belge attaque TotalEnergies en justice pour sa responsabilité climatique
“Le dérèglement climatique a des effets très concrets pour moi.” Hugues Falys, agriculteur dans l’ouest de la Belgique, a besoin de fourrage pour nourrir ses charolaises pendant l’hiver. “Et si normalement, relate De Standaard, il le produit lui-même, ces dernières années, cela est devenu de plus en plus compliqué. D’abord il y a eu une forte tempête en 2016. Puis en 2018, 2020 et 2022 les champs des agriculteurs bio ont été touchés par la sécheresse. La récolte est devenue plus maigre, et l’éleveur a dû réduire son cheptel de 160 à 100 têtes.”
Ce sont ces conséquences très concrètes qui ont conduit l’agriculteur wallon à poursuivre TotalEnergies devant le tribunal de l’entreprise – l’équivalent du tribunal de commerce en France – de Tournai ce 13 mars, sur une proposition des ONG Greenpeace, Fian et Ligue des droits de l’homme, qui couvrent les frais de justice.
“Les entreprises du charbon, du pétrole et du gaz sont de loin les principales responsables du dérèglement climatique, puisque les combustions fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions de gaz à effet de serre”, explique Greenpeace sur son site. Or TotalEnergies est le principal distributeur dans le pays.
Une première
Par cette action, Hugues Falys ne cherche pas à obtenir de compensation financière – outre 1 euro symbolique – mais un engagement de l’entreprise à arrêter tout nouveau projet d’investissement dans les combustibles fossiles, à réduire d’au moins 60 % ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 et à diminuer drastiquement les extractions de gaz et de pétrole. “En d’autres termes, l’avenir de toute l’entreprise, à l’échelle mondiale, se joue devant le tribunal de Tournai”, relève De Standaard.
“La question est de savoir si le tribunal va suivre ce raisonnement et considérer que le géant français de l’énergie est responsable des dommages subis par ce paysan wallon.”
En Belgique, une action (l’Affaire climat) avait déjà été mise sur pied pour assigner l’État en justice pour inaction climatique, mais “c’est la première fois qu’un paysan assigne une entreprise en justice pour son empreinte sur le climat”, observe encore le quotidien de référence flamand. Aux Pays-Bas, une action similaire a abouti à la condamnation du géant pétrolier Shell il y a trois ans.
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