Agression mortelle d’un chauffeur de bus : à la barre, l’impossible deuil de la famille

Véronique Monguillot, en juillet 2020, lors de la marche blanche en hommage à son mari, chauffeur de bus roué de coups et laissé pour mort à Bayonne.    - Credit:JEROME GILLES / NurPhoto via AFP
Véronique Monguillot, en juillet 2020, lors de la marche blanche en hommage à son mari, chauffeur de bus roué de coups et laissé pour mort à Bayonne. - Credit:JEROME GILLES / NurPhoto via AFP

Lundi matin, on avait entendu d'elle un sanglot déchirant. Alors que la cour projetait sur les écrans les dernières images de Philippe Monguillot encore conscient, Véronique, son épouse, avait quitté la salle, titubant presque. Quand elle s'est avancée à la barre un peu plus tard dans la journée, son cri étouffé résonnait encore. Voilà plus de trois ans que chez les Monguillot, la tristesse s'est invitée un peu partout, que la colère se terre, et qu'il n'est plus question de vivre mais de « survivre ».

Lors des procès d'assises, il est d'usage que les témoins déposent face à la cour, dos au public. Impossible, donc, de voir le visage de Véronique Monguillot quand elle explique qu'elle voudrait d'abord « parler de Philippe ». On l'imagine s'éclairer. Avant cette altercation qui lui a coûté la vie, son mari, rencontré en 1993, était « [s]on tout ». « Il y avait lui et moi, et nos trois filles », dit cette femme de 55 ans, ancienne gouvernante en hôtellerie, qui a perdu son emploi pour « inaptitude » après la mort de son époux.

Avec Philippe, « on était heureux ! », s'exclame Véronique, vêtue d'une élégante robe noire. Elle a beaucoup d'anecdotes, se rappelle ce jour où, alors qu'elle était enceinte, ils s'étaient rendus avec Philippe dans un magasin de bricolage : « À un moment, je l'ai perdu. Je l'ai fait appeler avec les haut-parleurs, il a débarqué d'on ne sait où, et m'a dit qu'il avait trouvé un copain avec qui il papotait… C'était ça, Philippe, il invita [...] Lire la suite