Agnès Pannier-Runacher cuisine un agneau « français », LFI lui rappelle un accord avec la Nouvelle-Zélande

Agnès Pannier-Runacher s’est mise en scène, ce lundi 1er avril, cuisinant des légumes et de l’agneau « français ».
Capture d’écran X / Agnès Pannier-Runacher Agnès Pannier-Runacher s’est mise en scène, ce lundi 1er avril, cuisinant des légumes et de l’agneau « français ».

ENVIRONNEMENT - « Des légumes de printemps, de l’agneau français et le plaisir de cuisiner ! » Voici comment s’extasie ce lundi 1er avril, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, dans un tweet. Une publication qui a tout de suite fait sourciller les Insoumis, qui ont tenu à rappeler que la macronie soutenait un traité de libre-échange européen avec la Nouvelle-Zélande entrant en vigueur au 1er mai, et permettant l’importation de viande venue à moindre coût de plus de 20 000 km.

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Comme vous pouvez le voir ci-dessous, la ministre déléguée auprès du ministre en charge notamment de la Souveraineté alimentaire a ainsi publié une photo d’elle aux fourneaux, avec le commentaire suivant : « Manger français et de saison, c’est aussi soutenir nos agriculteurs ». Un message somme toute véridique, mais qui, pour ses détracteurs, sonne faux dans la bouche d’Agnès Pannier-Runacher.

« Concurrence déloyale et maltraitance pour l’écosystème planétaire »

« Un poisson d’avril ? Vous êtes sûre que votre agneau ne vient pas de Nouvelle-Zélande, vu l’accord que votre gouvernement a ratifié ? », a ainsi taclé Manon Meunier, députée LFI de Haute-Vienne. Même critique venue de l’élue insoumise de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé : « Pourquoi avoir signé avec Emmanuel Macron l’accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande ? 38 000 tonnes de viande d’agneau sans droit de douane venues de là-bas, 2 fois moins cher, qui vont tuer nos éleveurs ! »

Quant à Manon Aubry, tête de liste LFI pour les européennes de juin, elle parle également d’un « poisson d’avril », et tance : « En revanche, la mort de notre agriculture française n’est pas une blague. » Clémentine Autain s’indigne, elle, d’un « insupportable renvoi au geste individuel » et à « une concurrence déloyale et [une] maltraitance pour l’écosystème planétaire ».

Du côté des écologistes, la locale de Greenpeace à Montpellier a fustigé, toujours sur X : « Une ministre, en 2024, au service du lobby agroalimentaire, fait de la pub pour la viande ».

En pleine polémique des agneaux néo-zélandais à Pâques

Si les réactions sont vives, c’est que le tweet d’Agnès Pannier-Runacher survient dans un contexte de crise agricole, où les exploitants français déplorent la concurrence déloyale qu’entraînent, selon eux, les traités de libre-échange européen.

La présence importante de viande d’agneaux néo-zélandais dans les rayons au moment des fêtes de Pâques a d’ailleurs provoqué l’ire des organisations agricoles françaises. « Quand une grande enseigne fait de la publicité à la radio pour un gigot à 9 euros le kilo sans préciser que c’est forcément d’un pays tiers [hors Union européenne], donc très vraisemblablement de Nouvelle-Zélande, pour nous c’est de la concurrence promotionnelle complètement déloyale », s’est par exemple indignée Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, branche de la FNSEA, vendredi 29 mars, auprès de l’AFP.

Le nouvel accord entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, ratifié en novembre 2023 et qui entre en vigueur le 1er mai, est même celui de trop, pour la Confédération paysanne. Le texte prévoit d’augmenter de 38 000 tonnes équivalent carcasse le volume d’importations de viande ovine autorisé sans droits de douane, actuellement fixé à 125 769 tonnes. Cet accord « va créer un appel d’air supplémentaire à l’importation », estime le troisième syndicat agricole français, dans un communiqué publié mercredi dernier.

« Quelle absurdité d’importer de l’autre bout de la planète des agneaux qui pourraient être produits » en France, a ajouté l’organisation, demandant « des prix minimums d’entrée sur le territoire national fixés à la hauteur de nos prix de revient, pour neutraliser la concurrence déloyale ». Et tant pis pour les sessions cuisine de la ministre.

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