Agnès Firmin Le Bodo outrée par l’abrogation de l’obligation vaccinale des soignants

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, sur franceinfo samedi 6 mai.
Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, sur franceinfo samedi 6 mai.

POLITIQUE - Un vote qui ne passe pas. Ce samedi 6 mai, la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a vivement condamné la loi votée le 4 mai à l’Assemblée nationale, à l’initiative du groupe communiste.

Un texte adopté grâce aux voix combinées des oppositions et qui acte l’abrogation de l’obligation vaccinale pour les soignants. Cette disposition, qui va plus loin que la réintégration des soignants non vaccinés approuvée par décret par l’exécutif suivant les recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), passe mal du côté du gouvernement.

« C’est inacceptable », a dénoncé sur franceinfo Agnès Firmin Le Bodo, rappelant que le gouvernement applique les avis de la HAS « comme la loi lui oblige ». Pour la ministre, cette abrogation peut affaiblir le système de soins en cas d’apparition de nouveaux variants ou de nouvelle pandémie. « Je crois nous devons nous laisser la possibilité, et c’est un peu ce que dit l’OMS aussi, notre capacité à réagir, puisque le virus circule toujours et qu’il faut continuer à être prudent », a poursuivi cette proche d’Édouard Philippe.

À noter que plusieurs personnalités ont condamné, en dehors de l’hémicycle, le vote de cette abrogation. C’est notamment le cas du maire de Montpellier, Michaël Delafosse, qui considère que le texte « est un message de défiance à l’égard de la recherche scientifique, un très mauvais signal pour l’immense majorité des professionnels de santé qui se sont vaccinés pour protéger leurs patients ».

Le contrôle du Parlement

Une analyse partagée par le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui a dénoncé un « vote funeste » à l’opposé « des Lumières » que devrait porter à ses yeux la gauche. Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France (FHF) a aussi condamné cette abrogation. « Ce vote pose un problème éthique et de santé publique majeur. La communauté hospitalière appelle les sénateurs à rejeter ce texte lors de son prochain examen », indique la FHF.

« Le crédit accordé par certains parlementaires à l’idée selon laquelle la vaccination n’est pas nécessaire, et ce contre l’avis de la quasi-totalité des scientifiques et des soignants, est préoccupant et un réel manque de considération pour tout le personnel soignant déjà vacciné, qui œuvre sans relâche depuis la crise sanitaire », regrette encore l’association présidée par le maire de Reims, Arnaud Robinet.

Des critiques balayées par les défenseurs de l’abrogation. « Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination », avait notamment déclaré le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. Pour les partisans du texte, cette abrogation traduit seulement la volonté du Parlement à exercer son pouvoir de contrôle sur l’action du gouvernement.

« Légiférer devant le Parlement lorsqu’il s’agit de prendre des mesures pour restreindre les libertés, c’est sain et c’est même constitutionnel », avait souligné le député PS Arthur Delaporte, lors de sa prise de parole dans l’hémicycle.

Après un avis de la Haute autorité de Santé, le gouvernement avait annoncé que les soignants non-vaccinés seraient considérés comme réintégrés « le lendemain » de la parution d’un décret prévue le 14 mai.

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