«Agir sur le monde dans lequel on vit»

Simone Daret, mercredi, à Lyon.

Simone Daret, 24 ans en 1968, syndicaliste, féministe. Lyon.

«En 68, j’étais déjà mariée, mère de famille, assistante sociale à la caisse d’allocations familiales (CAF) de Lyon. Je n’allais pas aux manifs, je devais m’occuper de mes enfants. Je participais aux discussions et j’ai pu occuper la CAF, car des copines ont gardé ma fille et mon fils. Je venais d’un milieu très pauvre, mon père, ouvrier, avait tenu à ce que j’aille à l’école libre. Durant les études, j’ai été confrontée aux classes sociales supérieures, à des gens qui avaient des moyens culturels que je n’avais pas. Par des amis, j’étais sensibilisée à la guerre d’Algérie, à la solidarité. 68 a été pour moi le révélateur de ce cheminement personnel, l’explosion d’une génération qui n’entrait pas dans le moule qu’on lui proposait. Je ne voulais pas être cette femme qui attend le soir son mari à la maison.

En 1969, les centres sociaux de la CAF sont en grève, je suis leader du mouvement, et, en 1970, je deviens secrétaire départementale de la CFDT à Lyon. Le syndicat voulait une femme, mère de famille, un geste politique. J’y reste cinq ans. A cette époque, on ne vivait pas en milieu fermé, vie familiale entre papa et maman. Avec d’autres familles, on avait organisé une garde collective le jeudi pour nos enfants. On n’attendait pas que cela nous tombe tout cuit dans la bouche, on s’organisait localement. En 1975, je retourne sur le terrain, assistante sociale à la Sécurité sociale, la CAF ne voulait plus de moi à cause de mon passé militant. Cela n’a pas toujours été facile. L’année où je passe le concours de cadre de la Sécu, mon mari, technicien chez Berliet, militant d’extrême gauche qui cherchait à se reconvertir, se suicide. L’énergie pour continuer ? Il faut y croire. En 1995, je deviens conseillère municipale à Lyon, et, en 2001, j’entre au cabinet du maire Gérard Collomb. A la retraite, j’ai retrouvé mes bases, membre du conseil d’administration du centre social de mon quartier. Rocardienne, j’ai (...)

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