En Afrique du Sud, un recours collectif contre la police

“Les patrons de la police doivent être tenus responsables des crimes commis avec des armes à feu passées en contrebande des flics aux gangsters.” Tel est, résumée par le site d’investigation sud-africain Daily Maverick, le principe d’une action collective en justice inédite en préparation dans la province du Cap, capitale des gangs sud-africaine. Les plaignants espèrent obtenir des réparations du ministre de la Police, Bheki Cele.

À l’origine de l’initiative, l’association de lutte contre les violences par armes à feu Gun Free South Africa a rassemblé des familles de victimes et des survivants de fusillades menées avec des armes censées avoir été confisquées par les forces de l’ordre. Leur action, en attente de validation par la justice, fait écho à une grande enquête qui avait révélé l’existence d’un trafic d’armes à feu massif au sein des forces de l’ordre sud-africaines dans les années 2010.

Ouverte à la fin de 2013, l’enquête, menée sous le nom de code “projet Impi” par deux cadres des forces de l’ordre de la province du Cap, visait à établir comment des armes censées avoir été entreposées dans des locaux de la police dans l’attente de leur destruction avaient été volées avant d’arriver dans les mains de gangsters. D’après les enquêteurs, ces armes détournées auraient servi dans plus de 1 600 meurtres et 1 400 tentatives de meurtres entre 2010 et 2016. Parmi les victimes de ces fusillades figurent plus de 260 enfants, parmi lesquels 187 sont morts.

“Les plaignants impliqués dans ce recours collectif sont les parents ou tuteurs d’enfants blessés, les personnes à la charge de victimes qui ont été tuées et ceux qui ont survécu à une fusillade”, précise le communiqué publié le lundi 6 mars par Gun Free South Africa.

“Ces armes continuent de circuler”

Le projet Impi a mené à l’arrestation, en 2015, du responsable du contrôle des armes à feu dans la province de Johannesburg, Chris Prinsloo. En juin 2016, il a été condamné à dix-huit ans de prison. Mais, au même moment, les deux policiers à l’origine de l’enquête ont soudainement été mutés. “[Le projet] Impi a été anéanti sur ordre de la direction de la police”, se désole alors Jeremy Vearey, l’un des deux enquêteurs mutés, dans une déclaration sous serment citée par le Daily Maverick.

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