En Afrique du Sud, galère de visas rime avec pénurie de talents

En Afrique du Sud, il faut parfois compter jusqu’à quarante-huit semaines pour obtenir un visa de travail, contre douze semaines en moyenne au Kenya et huit semaines au Nigeria. Les entreprises étrangères, les expatriés, les établissements d’enseignement cherchant à attirer élèves et professeurs étrangers, les hôpitaux, dans lesquels il manque 55 000 infirmières, alertent tous sur cette situation, rapporte le site américain Bloomberg.

Selon un rapport publié par une équipe dirigée par Cyril Ramaphosa, le président du pays, seulement 25 298 visas de travail ont été approuvés entre 2014 et 2021, et plus de la moitié des demandes a été rejetée, notamment en raison d’erreurs commises par une administration en manque de moyens humains et matériels. Et souvent, les permis de séjour familiaux ne sont pas délivrés en même temps que les permis de travail, empêchant les expatriés de s’installer en famille et les poussant souvent à mettre fin à leur séjour en Afrique du Sud. En octobre dernier, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations pour faciliter l’octroi de visas.

L’Afrique du Sud subit donc encore plus que les autres pays depuis la pandémie une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, notamment dans l’ingénierie, les sciences et les technologies de l’information. La crise est accentuée par le départ massif de jeunes Sud-Africains diplômés à l’étranger. Cela “freine une croissance déjà timide, limitant la création d’emplois et poussant certains investisseurs étrangers à envisager de transférer leur argent ailleurs”, constate Bloomberg. Cela est le cas de Volkswagen et de BMW, par exemple. Il s’agirait d’un coup dur pour l’économie du pays, déjà affaiblie par un taux de chômage qui atteint les 33 %, des problèmes de fourniture inadéquate en électricité et un réseau de transport qui fonctionne mal. “Ces facteurs devraient limiter la croissance cette année à seulement 0,9 %, selon le Fonds monétaire international”, précise le site d’information.

Selon Mavuso Msimang, un ancien directeur général du ministère de l’Intérieur qui a quitté son poste en 2010 et dirigé l’étude de la présidence sur la question des visas, “c’est aussi la conséquence d’une certaine hostilité envers les personnes venant de l’extérieur”. En effet, “l’économie la plus industrialisée du continent a été témoin d’affrontements et d’émeutes xénophobes réguliers”, note Bloomberg, qui voit dans le chômage de masse et l’arrivée de migrants sans papiers de pays voisins comme le Zimbabwe et le Mozambique des explications à ce repli.

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