“Afrique blanche”, “Afrique noire” : dépasser enfin ces fractures imaginaires

Les géographies imaginaires exercent un grand pouvoir”, constate le site d’analyse algérien Twala, qui se penche dans un article sur ces fractures symboliques qui scindent l’Afrique du Nord des autres espaces géographiques. “La région fait-elle partie du monde méditerranéen, du Proche-Orient (ou du monde arabe) ou du continent africain ?” interroge ainsi l’auteur, le chercheur Samuel Anderson.

“Bien sûr”, note-t-il, l’Afrique du Nord peut s’inscrire à la fois dans ces trois grandes aires géographiques. Et chacune de ces appartenances suppose et charrie en même temps “une lecture particulière de la longue histoire de la région”.

Pourtant, poursuit-il, “Pour de nombreux universitaires et responsables politiques – et pour bien d’autres également – l’Afrique du Nord est séparée du reste du continent africain”, ce qui donne l’impression “qu’on peut comprendre une région sans penser à sa voisine” – une conception que l’historienne Ghislaine Lydon nomme “division saharienne”.

Tout se passe comme si l’Afrique du Nord était “séparée du reste du continent africain”, bordée sur son flanc sud par le désert du Sahara qui constituerait la “séparation assumée de l’Afrique du Nord et de l’Afrique ‘subsaharienne’”.

Cette “fausse représentation” ferait de ce désert “un espace vide”, “une barrière stérile” entre différents mondes. Une fracture entre deux mondes prétendument distincts et que la période coloniale a scindé entre l’“Afrique noire” et l’“Afrique blanche”.

Caravanes transsahariennes

Or, note Twala, l’histoire de cette zone indique que le Sahara n’a jamais été une séparation ni une barrière, mais plutôt un lieu d’échanges intenses, à différentes époques. “Les caravanes commerciales transsahariennes ont relié villes et villages du nord-ouest de l’Afrique”, rappelle ainsi l’auteur. L’expansion de “L’islam a créé des liens d’une nouvelle nature”, puis “la domination coloniale a modifié les liaisons transsahariennes sans les rompre.”

Ainsi, sous la période coloniale, les médersas, du nom de “ces écoles créées par les Français pour offrir une éducation biculturelle ‘franco-musulmane’ à une jeune élite”, ont permis par exemple à des étudiants algériens d’enseigner en Afrique de l’Ouest. Preuve d’une “connexion transsaharienne” continue.

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