Afghanistan: Le chef du service de presse de Kaboul tué par les taliban
KABOUL (Reuters) - Les taliban ont assassiné vendredi à Kaboul le chef du service de communication du gouvernement afghan, pris le contrôle de leur première capitale provinciale et continué de gagner du terrain dans les zones frontalières du pays.
Le meurtre de Dawa Khan Menapal, directeur du Centre gouvernemental des médias et de l'information, est le dernier assassinat ciblé en date visant des responsables du gouvernement du président Ashraf Ghani.
Selon un responsable du ministère de l'Intérieur, Dawa Khan Menapal a été tué pendant les grandes prières du vendredi. Dans un tweet, le chargé d'affaires américain en Afghanistan, Ross Wilson, a dénoncé "un affront contre les droits de l'homme et la liberté d'expression des Afghans".
De nombreux militants de la société civile, journalistes, fonctionnaires, magistrats ou personnalités publiques ont également été tués par les taliban.
Combattant pour le rétablissement d'un régime islamiste rigoriste, après avoir été chassés du pouvoir en 2001 par l'intervention militaire des Etats-Unis, les insurgés multiplient les offensives depuis l'annonce du retrait du contingent américain par le président Joe Biden en avril.
La ville de Zaranj, chef-lieu de la province de Nimroz dans le sud-ouest de l'Afghanistan, près de la frontière avec l'Iran, est tombée vendredi aux mains des fondamentalistes, a déclaré la police provinciale.
C'est la première capitale provinciale dont les insurgés s'emparent depuis l'intensification des combats au printemps mais les taliban ont conquis des dizaines de districts et de postes-frontières ces derniers mois et luttent pour la prise de contrôle de plusieurs autres chefs-lieux, dans les provinces de Herat (ouest) et Kandahar (sud) notamment.
Dans le nord du pays, au moins 10 soldats ainsi qu'un commandant proche de la milice dirigée par Abdul Rachid Dostom ont été tués dans la province de Djozdjan.
Dans le sud du pays, dans le Helmand, la lutte pour le contrôle de la capitale provinciale Lashkar Gah perdure depuis une semaine.
L'Organisation des Nations Unies a déclaré cette semaine être profondément préoccupée quant à la sécurité de dizaines de milliers de personnes piégées dans la ville.
"Les violences n'ont fait que s'intensifier et il n'y a aucun moyen d'évaluer les dégâts à Lashkar Gah car les deux côtés sont enfermés dans une intense bataille au sol (...). Il est même difficile pour les organisations humanitaires de récupérer les corps", a déclaré de Kaboul un haut responsable occidental de la sécurité.
"Les civils se retrouvent entre deux belligérants. Ils sont déplacés de leurs foyers et sont souvent les premières victimes du conflit", a souligné de son côté Mike Bonke, directeur de l'organisation Action Contre la Faim en Afghanistan, dont le bureau local de Lashkar Gah a été touché par une bombe jeudi.
(Reportage du bureau d'Afghanistan, version française Lucinda Langlands-Perry et Jean-Stéphane Brosse)