"Affligeants", "irresponsables"... Les propos de Donald Trump sur l'Otan causent une vague d'indignation

Au lendemain d'une prise de parole polémique sur une potentielle agression russe envers un pays de l'Otan, l'ancien président américain Donald Trump est vivement critiqué par plusieurs responsables internationaux.

"Personne ne doit jouer avec la sécurité de l'Europe." Les propos tenus samedi 10 février lors d'un meeting en Caroline du Sud par Donald Trump ne passent pas. L'ancien président américain, grand favori républicain pour la prochaine présidentielle, a affirmé qu'il "encouragerait" la Russie à s'en prendre aux pays de l'Otan si ceux-ci ne payaient pas leur part.

Le milliardaire de 77 ans rapportait une conversation qu'il aurait eue avec l'un des chefs d'État de l'Otan, sans le nommer.

"L'un des présidents d'un gros pays s'est levé et a dit: 'Monsieur, si on ne paie pas et qu'on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez?'", raconte l'ex-président républicain avant de révéler sa réponse: "Non, je ne vous protégerais pas. En fait, je les encouragerais à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer vos factures".

Des menaces répétées

Donald Trump reproche régulièrement aux alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord de ne pas tenir leurs engagements en matière de dépenses militaires. En campagne, il avait déjà menacé à plusieurs reprises de sortir de l'Otan s'il retournait à la Maison Blanche.

Son futur adversaire de novembre, Joe Biden, a dénoncé les propos "affligeants et dangereux" tenus par son rival. Pour le démocrate, ils ont clairement signifié "sa volonté d'abandonner les alliés de l'Amérique membres de l'Otan en cas d'attaque russe".

"Le fait que Donald Trump avoue qu'il compte donner le feu vert à Poutine pour davantage de guerre et de violence, pour continuer son assaut brutal contre une Ukraine libre et pour étendre son agression aux peuples de Pologne et des États baltes est affligeant et dangereux", a affirmé Joe Biden dans un communiqué.

"Malheureusement", ces propos "sont prévisibles venant d'un homme qui a promis de gouverner comme un dictateur, comme ceux dont il fait l'éloge, dès le premier jour de son retour dans le Bureau ovale", a-t-il ajouté.

L'Europe vent debout

Pour le président du Conseil européen Charles Michel, "des déclarations imprudentes sur la sécurité de l'Otan et la solidarité de l'article 5 ne servent que les intérêts de Poutine" et "n'apportent ni plus de sécurité ni plus de paix dans le monde".

L'article 5 stipule que si un pays de l'Otan est victime d'une attaque armée, chaque membre de l'Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a lui mis en garde contre des propos qui "sapent notre sécurité".

"Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru", a-t-il déclaré.

"Soyons sérieux! Soyons sérieux! L'Otan ne peut être une alliance à la carte", a lancé Josep Borrell avant une réunion ministérielle de l'UE à Bruxelles.

Paris, Berlin et Varsovie parlent d'une seule voix

Ce lundi, en accueillant à Paris a reçu le Premier ministre polonais Donald Tusk, a insisté sur la nécessité de "renforcer" l'industrie de défense européenne, notamment pour "fournir des équipements stratégiques et des munitions à l'Ukraine" face à l'invasion russe lancée il y a bientôt deux ans.

"C'est ce qui permettra aussi de faire de l'Europe une puissance de sécurité et de défense complémentaire de l'Otan, pilier européen de l'Alliance atlantique", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française a lui défendu l'Europe de la défense qui serait une "deuxième assurance vie" complémentaire de l'Otan. "Il nous faut une deuxième assurance-vie, pas en substitution, pas contre l'Otan mais en addition" de cette organisation, a indiqué Stéphane Séjourné lors d'une conférence de presse conjointe avec ses homologues allemande et polonais.

De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé "irresponsables" et "dangereuses" les récentes déclarations de Donald Trump.

"Toute relativisation de la garantie d'assistance de l'Otan est irresponsable et dangereuse, et ne sert que les intérêts de la Russie", a déclaré Olaf Scholz. "Personne ne doit jouer avec la sécurité de l'Europe", a-t-il ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - L'Otan ne peut être une "alliance à la carte", réagit l'UE après les propos de Trump