Affaire Théo : la justice demande trois ans de prison avec sursis contre le policier auteur de l’interpellation

Le procès des trois policiers impliqués dans l’affaire Théo a débuté le 9 janvier devant la cour d’assises de Bobigny.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Le procès des trois policiers impliqués dans l’affaire Théo a débuté le 9 janvier devant la cour d’assises de Bobigny.

JUSTICE - Le verdict est attendu vendredi. Devant la cour assise de Seine-Saint-Denis, la justice a réclamé des peines allant jusqu’à trois de prison avec sursis contre les trois policiers à l’origine de la violente interpellation de Théo Luhaka, blessé de manière irréversible à l’anus avec une matraque télescopique.

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« Je vous demande de les condamner tous les trois pour l’ensemble des faits qui leur sont reprochés », a demandé l’avocat général Loïc Pageot, avec une peine plus lourde pour Marc-Antoine Castelain, le policier à l’origine de la blessure du jeune homme en 2017 à Aulnay-sous-Bois.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé trois de prison avec sursis contre lui, avec cinq ans d’interdiction d’exercer sur la voie publique et cinq ans d’interdiction du port arme. Il est poursuivi pour violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente.

Pour les deux autres policiers, présents lors de ce contrôle d’identité ayant tourné au drame, Jérémie Dulin risque six mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer sur la voie publique. Une réquisition plus sévère que celle du dernier policier, Tony Hochart, où une peine de trois mois de prison avec sursis a été demandée.

Du « banal » contrôle d’identité à une « vie brisée »

« Nous n’avons pas besoin de policiers comme ceux-ci qui exercent des violences gratuites », a également fait valoir l’avocat général pour justifier ses motivations, rappelant au passage les propos du préfet de police de Paris lors de Mai 68, qui déclarait que « frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même ».

Juste avant de présenter ses réquisitions, Loïc Pageot avait tenu à s’adresser à Théo, déclarant : « vous allez peut-être penser que ces peines peuvent paraître dérisoires ». Mais il a ensuite terminé avec une formule marquante : « On part sur un contrôle d’identité banal et au bout du compte une vie brisée ».

Porteur d’une infirmité depuis son interpellation, Theo avait eu l’occasion de s’exprimer à la barre lundi 15 janvier. L’occasion de revenir sur les conséquences de ce coup d’estoc. Car malgré deux opérations chirurgicales, Théo Luhaka souffre toujours d’incontinence et garde des séquelles irréversibles, selon les experts médicaux.

Au cours du procès ouvert depuis le 9 janvier, le fonctionnaire de police auteur de cette blessure avait exprimé sa « compassion », mais avait aussi estimé son « coup légitime », car « enseigné à l’école ». Pourtant, une enquête administrative de l’IGPN avait conclu à « un usage disproportionné de la force ».

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