Affaire de sextape au Sénat: un médecin licencié se dit victime d'une "cabale"

Le docteur Lmahdi évoque avec émotion cette "triste affaire". Le médecin du Sénat depuis cinq ans s'est vu licencier le 23 décembre dernier pour "faute grave". "Il me semble que mon travail est irréprochable", s'émeut-il dans un courrier adressé aux sénateurs, et que BFMTV a pu consulter, se disant victime d'une "cabale".

La véritable raison de cette mesure serait, selon lui, son signalement auprès des RH de l'institution du comportement d'une assistante médicale.

Une femme qui serait protégée? Cette "sombre affaire" qui se déroule dans le décor feutré du Sénat est en réalité une sextape qui met en scène un ex-sénateur avec lequel l'assistante médicale a eu une relation. Cette dernière, selon Le Canard enchaîné, l'a filmé "pantalon sur les chevilles" batifolant avec elle dans son bureau. Jusque là, rien de répréhensible, mais la séquence serait devenue un "levier de pression en cas de difficultés éventuelles".

Des raisons officielles

Le 23 décembre dernier, le docteur El Hassan Lmahdi reçoit un courrier avec accusé de réception lui notifiant son licenciement. Une mesure, qui tombe le jour du début de ses vacances, et qui clôt une période "très détériorée avec la haute administration". "Depuis cinq ans, il n'y a jamais eu la moindre plainte ou même critique à mon égard", écrit-il dans un courrier à ses collègues du palais du Luxembourg. Alors il s'interroge: "que me reproche-t-on?"

Officiellement, les ressources humaines mettent en avant un non-respect de certaines clauses de son contrat et la prescription d'un arrêt maladie au sénateur Joël Guerriau, accusé d'avoir drogué une députée. Il met en avant la "grande détresse psychologique" de l'élu. L'arrêt de travail aurait "très fortement contrarié le Président" du Sénat. "Je n'ai jamais manqué ni failli à mes devoirs professionnels et déontologiques", tient à rappeler le médecin.

Selon lui, la véritable raison de ce licenciement précipité serait à chercher du côté de ses alertes effectuées aux ressources humaines concernant une assistante médicale. Une professionnelle recrutée "avec une identité tronquée, sur la base de faux diplômes et avec un faux parcours professionnel". Le docteur Lmahdi estime que l'administration aurait dû alerter la justice de "cette usurpation d'une gravité extrême".

"Elle peut faire virer qui elle souhaite"

Le médecin reproche également à l'assistante médicale d'avoir "augmenté son salaire de plus de 45% en mois de 3 ans et pérennisé son statut en utilisant ses relations avec la dite autorité du Sénat". Une professionnelle qui "se permettait de rentrer sans autorisation" dans le bureau du docteur Lmahdi, lui permettant d'avoir accès "aux dossiers médicaux" de tous les élus. À ce comportement, le docteur met en avant les déclarations de l'assistante qui "se vantait de détenir des éléments compromettants de son amant".

"J'avais compris qu'en rapportant et signalant cette information, mon sort était scellé d'autant plus que les dits éléments existent bien", ponctue-t-il encore.

Et pour cause, selon lui, l'assistante médicale n'hésitait pas "à expliquer qu'elle avait la possibilité de faire 'virer' qui elle souhaitait". Le médecin affirme dans ce courrier, dans lequel il dit avoir "été très heureux d'avoir été le médecin du Sénat", qu'il va avec son avocat "exercer la voie de recours contentieux pour licenciement abusif et abus de pouvoir".

Article original publié sur BFMTV.com