Affaire Rubiales: le président de la fédération espagnole refuse de démissionner après son baiser forcé qu'il estime "consenti"

Affaire Rubiales: le président de la fédération espagnole refuse de démissionner après son baiser forcé qu'il estime "consenti"

L'Espagne s'attendait à un acte de contrition. Elle a finalement eu droit à une diatribe contre le "faux féminisme". Contre toute attente, Luis Rubiales a annoncé vendredi n'avoir aucune intention de démissionner de son poste de président de la fédération espagnole de football (RFEF) malgré l'immense controverse de son baiser forcé sur l'internationale espagnole Jennifer Hermoso au terme de la finale de la Coupe du monde féminine.

"Je ne vais pas démissionner!", a-t-il scandé cinq fois en pleine assemblée générale extraordinaire de l'instance. "J'ai reçu beaucoup de pressions. J'ai entendu beaucoup de commentaires. On m'a dit que le mieux était de démissionner. (...) Un bisou consenti devrait me faire partir d'ici? Allons... Je compte me défendre. Ceux qui me connaissent savent que je vais lutter jusqu'au bout. Jusqu'au bout. Je m'attends à ce que la loi soit appliquée. Mais comme rien ne condamne cet acte, il n'y aura rien", a-t-il enchaîné après avoir été chaleureusement applaudi par l'assistance composée de proches et de membres de la fédération.

"C'était consenti"

Dans un premier temps, Luis Rubiales a malgré tout présenté des excuses. Mais plutôt par rapport à l'agitation médiatique que son geste a suscité et surtout pour s'être aggripé les parties intimes pendant le match alors que la famille royale était à ses côtés. "J'ai été submergé par l'émotion. (...) Je m'excuse auprès de la Reine et de l'Infante pour ce geste. Je ne me justifie pas, je m'excuse".

Mais en ce qui concerne le baiser forcé, l'homme de 46 ans a surtout balayé les accusations. Pour lui, il ne s'agissait même pas d'un baiser mais plutôt d'un "petit bisou". "C'était un baiser spontané, mutuel, euphorique, consenti. C'est la clé: oui, c'était consenti", a affirmé le dirigeant, ajoutant que Jennifer Hermoso lui a dit "ok" lorsqu'il lui demandé s'il pouvait lui faire un "bisou". La joueuse a pourtant déclaré le contraire à deux reprises, depuis.

"Ce bisou que j'ai donné est un bisou que j'aurais pu faire en embrassant ma fille. Il n'y avait pas de rapport de domination", a ajouté Luis Rubiales, qui a pris à témoin ses filles, présentes dans la salle, pour dénoncer un "faux féminisme" qui cherche à le "tuer" avec cette controverse.

"Ils essaient de me tuer"

"Un meurtre social est en train d'être perpétré, a-t-il lâché. Ils essaient de me tuer. En tant qu'Espagnol, je pense que nous devons réfléchir à la direction que nous prenons. (...) Mes filles doivent apprendre une leçon aujourd'hui. L'égalité, c'est faire la différence entre la vérité et le mensonge. Vous êtes le vrai féminisme, pas le faux féminisme qui existe. (...) À ces personnes qui veulent m'assassiner publiquement, je vais me défendre devant les juges. Je vais lancer des plaintes contre ces personnes".

Après la contre-attaque, Luis Rubiales a défendu son bilan. Y compris par rapport à la sélection masculine: "Nous avons remporté le trophée le plus difficile au monde. Nous aurions aimé gagner la Coupe du monde, mais il n'y a pas de trophée plus difficile à remporter que la Ligue des nations". Et en revenant au football féminin, il en a profité pour promettre une prolongation à 500.000 euros par an au sélectionneur contesté Jorge Vilda: "Dans le football féminin, tu es le meilleur entraîneur du monde".

Encore dans le viseur du gouvernement et de la FIFA

Ce retournement de situation est improbable compte tenu de la pression médiatique exercée par le gouvernement espagnol (la ministre des Sports réclame des sanctions administratives) et une bonne partie des acteurs du football (Carlo Ancelotti l'a publiquement critiqué). À la veille de cette prise de parole, la presse ibérique était convaincue que Luis Rubiales allait démissionner, surtout après l'annonce de l'ouverture d'une procédure disciplinaire de la FIFA.

D'autant que ce scandale a fait resurgir d'autres controverses. En matière de moeurs, Luis Rubiales a été accusé par son ancien directeur de cabinet (et oncle) d'avoir utilisé de l'argent de la fédération pour organiser des orgies. Il lui est aussi reproché d'avoir inventé des réunions avec l'ONU et la MLS pour finalement passer du temps aux États-Unis avec une peintre mexicaine. Sans oublier que son mandat, commencé en 2018 avec la destitution du sélectionneur Julen Lopetegui seulement 48h avant l'entrée en lice au Mondial en Russie, a été perturbé par l'ouverture d'une enquête judiciaire pour des soupçons de corruption liées à l'organisation de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite.

Article original publié sur RMC Sport