«Une affaire» rondement palmée

Les choix du jury du Festival ont distingué bonnes intentions, indignations rhétoriques et cinéma convenu, reléguant celui de Godard à l’hommage avec une palme d’or spéciale, et délaissant nombre de beaux films de cette édition. La récompense suprême revient au Japonais Hirokazu Kore-eda.

L’édition 2018 du Festival de Cannes, qui s’est achevée samedi soir par un embarrassant concert «improvisé» de Sting sur les marches, était annoncée comme celle du grand ravalement, la disrupture d’anévrisme d’une manifestation guettée par le ronronnement. Malgré diverses initiatives, aux portées variées (on y revient), le palmarès composé par le jury sous la présidence de l’actrice australienne Cate Blanchett sera venu draper ce bel esprit rénovateur d’un confortable plaid de bonnes intentions bien tempérées, et de cinéma de partout, pour tout le monde, empli de tous les malheurs à réparer du moment. Succédant à un palmarès 2017 d’impétrants survoltés (The Square de Ruben Ostlund et 120 Battements par minute de Robin Campillo), la palme d’or attribuée à Une affaire de famille, treizième long métrage du Japonais Hirokazu Kore-eda (55 ans et déjà prix du jury en 2013 pour Tel père, tel fils), paraît au summum de cet effet de rondeur, au bord de l’enfilage de pantoufles tièdes, quand bien même elle distingue un beau film, réalisé par un bon cinéaste, dont on suit l’œuvre depuis longtemps, sans désagrément ni ébahissement. Une œuvre qui creuse, depuis une quinzaine d’années et le succès de Nobody Knows (après de premiers films plus singuliers tel After Life ou Maborosi), un sillon assez immuable de chroniques familiales emballées de tous les signes délicats, minutieux et kawaï - certes non dénués de cruauté, mais une cruauté de bon aloi - du Japon tel qu’on le fantasme depuis l’Occident. Le film qui lui vaut le couronnement cannois suprême est à la fois l’un de ses plus accomplis, et le même qu’une dizaine de ses prédécesseurs dans la filmographie de l’auteur.

Over-bronzé

Sans verser (...)

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Cannes 2018 : «Une affaire» rondement palmée
La Palme d'or pour «Une affaire de famille» de Hirokazu Kore-Eda