Affaire des quotas, racisme dans les stades, dysfonctionnements de la FFF… ce qu’il faut retenir de l’audition de Laurent Blanc devant l’Assemblée nationale
• La "réunion des quotas" de 2010
Il y a plus de 12 ans, Laurent Blanc s’était retrouvé au coeur d’une vive polémique après la révélation de la fameuse "affaire des quotas". En avril 2011, Mediapart avait fait fuiter les conversations d'une réunion de la direction technique nationale (DTN) du football français sur les joueurs à la double-nationalité, tenue le 8 novembre 2010. Le débat portait sur les jeunes formés dans les pôles espoirs en France avant de rejoindre une autre sélection quelques années plus tard. Parmi les idées avancées par François Blaquart, alors directeur technique national intérimaire, celle de mettre en place des quotas.
>> Revivez l'audition de Laurent Blanc devant la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale
Laurent Blanc ce mercredi devant la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale: "Je vais être très clair avec vous. Ce qui me désole, c'est qu'on en reparle que 12 ans après. Il y a eu cette réunion, des amalgames qui ont été faits et on n'en a pas reparlé. Pendant 12 ans, il ne s'est pas passé grand-chose. Ce n'était pas dans mes attributions d'être dans les réunions de la DTN. (...) Lors de cette réunion, on a poussé plus l'analyse en disant qu'il y avait un pourcentage élevé d'internationaux étrangers. C'était la question des binationaux. C'est là qu'on a été enregistrés. Sur une question à la fin, cette réunion a été très mal vécue, par moi et pas d'autres, car il y a eu des amalgames qui ont été faits et ça a été assez insupportable après."
"Cette réunion a été rendue publique car un Monsieur a mis un dictaphone sous un livre. Une fois que le problème a été connu de tout le monde, la FFF voire le ministère auraient dû prendre des décisions pour essayer d'améliorer des choses."
"Sans vous, l'autorité que vous représentez, on n'y arrivera pas. On est en train de se renvoyer la responsabilité. Permettez-moi de penser qu'en termes d'efficacité, l'autorité publique a le droit et le devoir de vérifier le fonctionnement d'une Fédération. Vous avez des pouvoirs que les gens de terrain n'ont pas. C'est la première fois en 12 ans que je suis convoqué pour parler devant une commission."
• Le racisme dans les stades
Laurent Blanc, après s’être dit favorable à l’arrêt des matchs en cas de faits de racisme dans le stade: "Je pense que le football évolue dans le bon sens. Vous allez peut-être être surpris. Quand j'étais jeune, je suis allé voir des matchs de football avec mon père ou mon grand-père. A cette époque, c'était à tous les matchs qu'il y avait des choses à éliminer. 25-30 ans plus tard, les choses ont changé. Ca existe encore, mais il y a beaucoup de mieux par rapport à ce qui se faisait avant. Maintenant, on a des moyens colossaux pour entendre et identifier."
"Quand vous entendez ces propos-là, vous pouvez intervenir. Avant, comment faisiez-vous pour essayer d'exercer une punition à ces gens-là ? Il y a 25 ans, il y avait des cris, des gestes, des objets... C'est pour ça que je vous dis qu'on évolue dans le bon sens, même si tout n'est pas parfait."
• Les faits de harcèlement au sein de la FFF
Laurent Blanc interrogé sur l'enquête visant la dissimulation de faits de harcélement sexuel au sein de la FFF: "Il faut agir et essayer de faire en sorte que ces problèmes-là soient moins fréquents. Les choses commencent à se savoir, alors qu'avant on ne les connaissait pas - ou on ne voulait pas les connaître. (...) Il faut réfléchir à trouver des solutions en termes de gouvernance, pour faire en sorte que ce qui a pu se passer il y a quelques années ne se reproduise plus, que ce soit au sein de la FFF ou dans les autres sports. On est au courant des choses, il faut essayer, vous comme moi, de les corriger."
"Quand vous entendez le témoignage d'une victime, c'est toujours bouleversant. Le problème, c'est que ça s'est déjà passé. Comment faire ? Il faudrait avoir des avertisseurs. (...) Pendant deux ans où j'ai été sélectionneur, je n'ai jamais entendu quoi que ce soit qui laissait penser qu'il se passait quelque chose au sein de la Fédération."
• L’évolution du monde du football, et notamment la place de l’argent
"J'ai vu et vécu l'évolution du football. Quand j'ai commencé, il y avait très peu d'argent dans le football. J'ai dit très récemment que la direction prise par le football ne me plaisait pas. En France, on forme les joueurs et on le vend 30, 40 ou 50 millions d'euros. Il y a désormais du trading, on est vraiment dans le football business. Le football a attiré beaucoup de gens intéressés, sans trier. La Fédération n'a aucun pouvoir là-dessus, elle subit."
"Le football en lui-même n'a pas changé, il a évolué, comme la société. Le football est un sport très populaire. Même si on est en train de discuter de ses déviances, je pense que le football est très utile pour notre jeunesse. Le football ressemble à l'évolution de la société. Si la société prend une direction, le football n'y échappera pas."