Affaire Omar Raddad: audience décisive pour obtenir un procès en révision

Omar Raddad et son avocate Sylvie Noachovitch devant le ministère de la Justice le 1er décembre 2008 à Paris - MEHDI FEDOUACH © 2019 AFP
Omar Raddad et son avocate Sylvie Noachovitch devant le ministère de la Justice le 1er décembre 2008 à Paris - MEHDI FEDOUACH © 2019 AFP

Omar Raddad aura-t-il droit à un nouveau procès? C'est tout l'objet de l'audience qui se tient ce jeudi devant la commission d'instruction de la Cour de révision, à Paris. L'avocate du jardinier, Me Sylvie Noachovitch, présente ses arguments pour obtenir un procès en révision, plus de 30 ans après le meurtre de Ghislaine Marchal, le 23 juin 1991, dans la cave de sa propriété de Mougins, dans les Alpes-Maritimes.

A proximité du corps de la riche veuve d'un équipementier automobile, une inscription en lettres de sang: "Omar m'a tuer".

L'enquête dans l'enquête

Directement accusé, puis condamné à 18 ans de réclusion criminelle, Omar Raddad a toujours clamé son innocence. S'il a été partiellement grâcié en 1996 par le président de la République de l'époque, Jacques Chirac, il attend désormais que la justice lave son honneur en le disculpant officiellement.

A la faveur de ce nouvel épisode dans "l'affaire Omar Raddad", la révélation, au mois de mai dernier, d'une autre piste pouvant innocenter le jardinier. Dans un chapitre du livre Ministère de l'injustice, les journalistes Jean-Michel Décugis, Marc Leplongeon et l'écrivaine Pauline Guéna dévoilent qu'une enquête secrète a été menée entre 2002 et 2004 par les gendarmes. Refermée pour des raisons qui demeurent mystérieuses, cette autre piste remontait jusqu'à une bande de voyous, connue pour organiser des cambriolages et à qui Ghislaine Marchal se serait confiée sur ses biens.

Nouvelles auditions, nouvelles expertises génétiques

Me Sylvie Noachovitch compte bien s'appuyer sur cette hypothèse trop rapidement écartée pour justifier la tenue d'un procès en révision.

"Je réclame l’audition de nombreux témoins de cette enquête ainsi que la désignation d’un laboratoire d’expertises génétiques. A partir des quatre traces ADN inconnues retrouvées dans les inscriptions de sang [aucun ADN ne correspond à celui d’Omar Raddad, ndlr], je voudrais que soient diligentés un portrait-robot génétique et une recherche en parentèle pour qu’on sache à qui ils appartiennent. Il faut qu’on soit fixés!", explique l'avocate à Libération.

L'audience de ce jeudi, qui se déroule à huis clos devant la commission d'instruction, est donc décisive dans la quête d'un procès en révision. Soit la demande de Me Noachovitch est jugée irrecevable, soit elle convainc suffisamment pour que la Cour de révision en soit saisie. C'est elle qui décidera in fine de la tenue, ou pas, d'un nouveau procès pour Omar Raddad.

Article original publié sur BFMTV.com