Affaire Mila : quand Nicole Belloubet inventait le délit de blasphème

Nicole Belloubet, à l'Élysée, en février 2020.  - Credit:Raphaël Lafargue/Abaca
Nicole Belloubet, à l'Élysée, en février 2020. - Credit:Raphaël Lafargue/Abaca

Nous sommes en janvier 2020. Le 29, précisément. Depuis dix jours, la vie de Mila a basculé. Cette adolescente reçoit des milliers de menaces de mort pour avoir critiqué l'islam dans une vidéo, censée rester privée. Nicole Belloubet, garde des Sceaux, est invitée sur Europe 1 et déclare : « L'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave. » Ainsi une ministre de la République, agrégée de droit public et membre du Conseil constitutionnel de 2013 et 2017, rétablissait-elle un délit de blasphème…

Nul ne saurait être autorisé à critiquer une quelconque religion si cela constituait une « atteinte à la liberté de conscience ». La sortie de la ministre de la Justice a, par conséquent, immédiatement provoqué un tollé. Des responsables politiques, toutes tendances confondues, lui ont reproché une atteinte « aux droits et aux valeurs de la République ». Le Premier ministre Édouard Philippe la sermonne et elle se fend d'un tweet équivoque – « On peut critiquer des religions. Pas inciter à la haine » –, qui relance de plus belle la polémique.

« Culture juridique fantaisiste »

L'avocat de Mila, Me Richard Malka, lui répond dès le lendemain dans les colonnes du Figaro. « Depuis 1789, et d'autant plus depuis la loi sur la presse de 1881, la liberté d'expression donne le droit de critiquer les religions, sinon ses adeptes. Nous ne sommes pas au Pakistan où le blasphème est condamné par l'article 295-C du Code pénal », s'insurge [...] Lire la suite