Affaire Mia: Rémy Daillet-Wiedemann, de son exclusion du MoDem à l'extrême droite complotiste

Rémy Daillet-Wiedemann, l'homme soupçonné d'avoir organisé et financé l'enlèvement de la petite Mia depuis l'Asie, photographié en 2009. - REMY GABALDA / AFP
Rémy Daillet-Wiedemann, l'homme soupçonné d'avoir organisé et financé l'enlèvement de la petite Mia depuis l'Asie, photographié en 2009. - REMY GABALDA / AFP

Du MoDem à la mouvance complotiste d'extrême droite. Une semaine après l'enlèvement de la petite Mia chez sa grand-mère, retrouvée dimanche en Suisse avec sa mère qui n'avait plus sa garde et avait commandité le rapt, une nouvelle figure a émergé au fil des investigations.

L'enlèvement de la fillette aurait été réalisé avec le concours logistique et financier d'un dénommé Rémy Daillet-Wiedemann, un Français de 55 ans établi en Malaisie depuis quelques années. Un mandat d'arrêt internationnal a été émis à son encontre.

L'individu intrigue par son profil sulfureux. Figure complotiste, il publie des vidéos aux relents conspirationnistes sur Internet dont certaines sont antisémites, et promeut le renversement de l'État ainsi que l'école à la maison sur deux sites distincts. L'un d'eux appelle au "Renversement pour un coup d'État populaire" et pose ainsi sans équivoque: "Voilà vingt ans que les constats du naufrage se suivent. Nous sommes en dictature, c'est un fait documenté."

Abolition des impôts et "chemtrails"

Il défend aussi le fait qu'après son hypothétique arrivée au pouvoir, il abolirait tous les impôts ou presque, tout comme le port du masque ou encore les "chemtrails", ces marques de condensation laissées par les avions dans le ciel, au coeur d'une foule de théories complotistes notamment documentées par l'Observatoire du conspirationnisme.

D'après Le Parisien, Daillet-Wiedemann s'était réjoui l'été dernier sur les réseaux sociaux, sous pseudonyme, de tags négationnistes retrouvés sur une stèle commémorative du massacre perpétré à Oradour-sur-Glane en 1944 par les nazis.

Exclu du MoDem en 2010

En janvier dernier, nos confrères de StreetPress avaient consacré un long portrait d'enquête à cet "ancien du MoDem qui rêve de faire un coup d'État". Ils avaient notamment étayé les circonstances du départ de l'aspirant homme politique du parti de François Bayrou, en 2010. À la tête de la fédération départementale de Haute-Garonne, Daillet-Wiedemann avait été exclu après plusieurs coups d'éclat, et notamment l'enregistrement et la diffusion des échanges tenus lors d'un conseil national du mouvement.

Dans une vidéo publiée sur Dailymotion il y a 11 ans, via un compte intitulé "Reconstruction MoDem", Rémy Daillet-Wiedemann avait réagi à cet épisode.

Ce dernier a manifestement marqué les esprits au sein du mouvement centriste. À StreetPress, une ancienne personnalité de la fédération du MoDem haute-garonnaise raconte qu'"une fois, il (avait) même tenté de remettre à François Bayrou des palmes et un tuba pour montrer que le parti coulait".

Fils d'un député centriste

Selon le média, Daillet-Wiedemann était arrivé dans la formation politique grâce à l'entregent de son père, Jean-Marie Daillet, ancien député centriste. Sur le site de l'Assemblée nationale, on apprend que ce dernier a été élu dans la Manche sans discontinuer de 1973 à 1993, siégeant d'abord au sein du groupe des Réformateurs démocrates sociaux puis de l'Union pour la démocratie française (UDF) et en tant que non-inscrit lors de son dernier mandat.

En 2017, Public Sénat rappelait sa participation aux débats, en 1974, de la loi Veil visant à autoriser l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Ce dernier avait dénoncé face à Simone Veil, ministre de la Santé et rescapée de la Shoah, des embryons "jetés au four crématoire".

Selon les informations de BFMTV recueillies auprès d'un responsable du MoDem en Haute-Garonne, Daillet-Wiedemann s'était à l'époque fait remarquer par son ambition ainsi que par ses postures traditionalistes, notamment sur l'IVG.

Un "fou furieux"

Auprès de l'Agence France-Presse (AFP), la présidente de la fédération du MoDem de Meurthe-et-Moselle, Danièle Noël, évoque à propos de Rémy Daillet-Wiedemann un "fou furieux", un homme "complètement mythomane, délirant", qui tenait "des propos complètement incohérents".

"Il était dans le complot, dans le délire. Ses propos n'étaient pas ceux d'un homme sensé. Il était anti-système, anti-État. On l'a exclu. On l'a sorti de force des salles du Conseil national. La sécurité l'a mis dehors", a-t-elle raconté à l'AFP.

Interrogé par BFMTV, Daillet-Wiedemann a déclaré que l'enlèvement de la petite Mia n'était pas "un enlèvement" mais "une restitution d'un enfant à sa maman à sa demande". Il a également déclaré, dans la lignée complotiste de ses prises de parole en ligne, qu'il "y a(vait) une inquiétude de la population au sujet de nombreux placements abusifs". Recherché par les autorités, l'homme n'a toutefois pas voulu préciser son degré d'implication dans le rapt de la fillette.

Article original publié sur BFMTV.com