Affaire Lola : le gouvernement sous pression face à l’instrumentalisation

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JULIEN DE ROSA / AFP

POLITIQUE - L’indicible en plein Paris. Ce vendredi 14 octobre, Lola, collégienne dans le 19e arrondissement de la capitale, n’est pas rentrée chez elle après sa journée de classe. Âgée de 12 ans, l’adolescente a été retrouvée morte et mutilée non loin de son domicile.

Si la justice poursuit son travail et que la principale suspecte (dont le profil psychologique interroge) est toujours en garde à vue, l’émotion ne retombe pas, et une forme de colère commence à se répandre dans la sphère politique.

Dès les premières heures qui ont suivi la macabre découverte, plusieurs personnalités d’extrême droite, du Rassemblement national à Reconquête !, ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux.

« Tout sauf un fait divers »

« En France, en 2022, une petite fille peut être retrouvée dans une malle, massacrée par des sauvages… Lola pourrait être notre fille, notre sœur, notre cousine ou notre amie », a tweeté la porte-parole du RN Laure Lavalette, pas loin de demander une justice d’exception pour les auteurs du meurtre : « Les salauds qui ont fait ça doivent pourrir en prison jusqu’à la fin de leurs jours ! ».

« Retrouvée dans une malle égorgée par des barbares, Lola n’avait que 12 ans… Mes pensées à ses parents. Pour eux et pour Lola, justice devra être rendue », réagit aussi Éric Zemmour, bientôt rejoint par Marine Le Pen.

Rapidement, et à mesure que l’enquête avance, le dossier prend une tournure politique. Le profil des quatre personnes placées en garde à vue, toutes nées en Algérie, pousse les responsables du RN et de Reconquête ! à demander des comptes à l’exécutif, sur fond de critiques de l’immigration et d’obsessions identitaires.

« Le sort de Lola… Le silence du gouvernement », commente ce lundi 17 octobre le député RN du Nord Sébastien Chenu. « Combien de genoux à terre pour notre petite sœur Lola ? », renchéri son collègue Julien Odoul.

Assumant totalement de politiser les faits divers, Éric Zemmour voit dans cette affaire la matérialisation d’un « francocide », soit un nouveau meurtre dans l’entreprise de « génocide » auquel serait promis le peuple français.

« Ce crime effroyable est tout sauf un fait divers. Chaque jour, des actes d’une violence inouïe se multiplient, et rien de sérieux n’est fait pour endiguer cette spirale de la violence », affirme le député RN des Alpes-Maritimes Bryan Masson, alors que plusieurs personnalités d’extrême droite dénoncent à haute voix le « silence » du ministre de l’Intérieur.

Pap Ndiaye se rend sur place

Allant plus loin dans la lecture identitaire de l’affaire, le député lepéniste de l’Isère Alexis Jolly dénonce un meurtre commis sur une « Française, blanche et chrétienne ». Dans ce contexte, le tweet d’Emmanuel Macron publié en mémoire du massacre du 17 octobre a jeté de l’huile sur le feu de l’instrumentalisation.

« À Paris, il y a 61 ans, la répression d’une manifestation d’indépendantistes Algériens faisait des centaines de blessés et des dizaines de morts. Des crimes inexcusables pour la République. La France n’oublie pas les victimes. La vérité est le seul chemin pour un avenir partagé », a tweeté le chef de l’État ce lundi matin, avant de présider mardi 18 octobre une prise d’armes en l’honneur des anciens combattants de la guerre d’Algérie.

Réponse (sans filtre) du député RN du Gard Pierre Meurin : « Au moment où Lola est assassinée par des sauvages nés en Algérie, le président a choisi ses priorités mémorielles. J’ai honte, mais tellement honte. » Même réaction du côté du vice-président de Reconquête ! Guillaume Peltier : « Et sinon, la vérité sur le meurtre de Lola, ça vous intéresse, Emmanuel Macron ? » Même réaction indignée chez le député RN Nicolas Meizonnet.

Pour l’heure, le gouvernement a réagi par la voix de son ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, ce lundi. « J’étais ce matin au collège Georges Brassens, à Paris, où la jeune Lola était scolarisée. Face à ce drame, au traumatisme des élèves et de l’équipe pédagogique, je leur apporte tout mon soutien et partage leur émotion. Merci aux cellules d’écoute pour leur travail, si nécessaire », a annoncé le ministre.

Auprès du HuffPost, l’entourage de Gérald Darmanin fait savoir que le ministre « ne peut pas s’exprimer sur une affaire en cours ». Pour autant, selon une source proche du dossier, le locataire de la place Beauvau a pris attache avec la famille afin de s’assurer que celle-ci était accompagnée le mieux possible dans cette épreuve, alors que la polémique ne cesse d’enfler à l’extrême droite.

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