Yahoo Actualités Affaire Estelle Mouzin: Monique Olivier confirme l'implication de Michel Fourniret
Monique Oliver persiste et signe. A l'issue d'une reconstitution de six heures jeudi soir, l'ex-épouse de Michel Fourniret a confirmé "l'implication" du tueur en série dans la disparition d'Estelle Mouzin en 2003.
"On a eu la confirmation par Monique Olivier de l'implication de Michel Fourniret dans la disparition d'Estelle", devant son ex-mari "levant les yeux au ciel, ne supportant la parole" de son ex-femme, a déclaré devant plusieurs journaliste Me Didier Seban, avocat d'Eric Mouzin, le père d'Estelle.
Des aveux imprécis
"On a pu mesurer le temps perdu avec un Michel Fourniret affaibli mais qui reste malgré tout le pervers qu'il a été dans sa manière d'éluder les questions", a ajouté l'avocat. "Pour l'essentiel", Michel Fourniret "a confirmé ses propres aveux". Selon l'avocat, le tueur en série a admis avoir reconnu Estelle, avant de déclarer "qu'il y a des moments où il faut faire taire l'émotion qu'on peut avoir à la vision d'une telle jeune fille".
"Michel Fourniret a reconnu Estelle sur une photo, indiqué qu'il l'avait croisée mais s'est refusé à donner des précisions sur les conditions de son enlèvement et des conditions de sa mort", a-t-il précisé.
La reconstitution s'est déroulée à Guermantes, en Seine-et-Marne. Les deux ex-époux sont arrivés aux alentours de 22h00, au milieu d'un convoi comprenant des dizaines de motos, voitures de police et deux camionnettes blanches. Avant cela, ils se sont rendus "à l'endroit où Monique Olivier et Michel Fourniret se sont rencontrés pour la première fois lors d'une permission de sa première détention", a expliqué l'avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes, qui a "trouvé" le tueur en série "extrêmement diminué".
Ils sont ensuite allés sur les "lieux" de la tentative d'enlèvement de Michel Fourniret sur une jeune fille également à Guermantes, "quelques jours avant la disparition d'Estelle". Puis, ils ont "retracé le parcours d'Estelle depuis l'école jusqu'au au lieu où on imagine que la disparition a eu lieu. Il y a un dizaine de mètres sur lesquels on n'a pas de précisions, Michel Fourniret ne s'est pas expliqué là dessus", a détaillé l'avocat.
Raviver les souvenirs du tueur
La reconstitution devant la boulangerie où a été vue pour la dernière fois Estelle Mouzin, 9 ans, avant sa disparition le 9 janvier 2003 à son retour à pied de l'école, a duré plusieurs dizaines de minutes, loin des journalistes placés derrière un cordon de police à 200 mètres de là.
Ce déplacement était souhaité par la juge d'instruction, Sabine Khéris, qui a repris l'enquête en 2019. La magistrate a aussi prévu de se rendre avec les deux suspects dans les Ardennes à la fin du mois. L'objectif est de raviver les souvenirs du tueur en série, âgé de 78 ans, dont les déclarations alambiquées et les problèmes de mémoire compliquent la tâche des enquêteurs.
Après les révélations de son ex-femme, qui l'avait accusé en janvier d'avoir violé et tué l'enfant, Michel Fourniret avait fini par avouer en mars sa responsabilité dans l'affaire Estelle Mouzin:
"Je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", avait-il déclaré à la juge. Il avait aussi estimé "pertinent" le fait que le corps de la fillette puisse être dans l'une de ses anciennes propriétés des Ardennes.
En août, lors d'une nouvelle audition devant la juge d'instruction, Monique Olivier, 71 ans, avait précisé que Michel Fourniret avait séquestré, violé et tué Estelle Mouzin dans une maison, déserte, appartenant à sa défunte soeur, à Ville-sur-Lumes dans les Ardennes. Dans ce dossier, elle a été mise en examen pour "complicité" des faits et Michel Fourniret pour "enlèvement et séquestration suivis de mort".
L'ADN de l'enfant retrouvé
L'ADN partiel d'Estelle Mouzin a été retrouvé à deux endroits sur un matelas, saisi dans la maison des Ardennes, où d'importantes fouilles ont été menées fin juin, en vain, pour retrouver le cadavre de l'enfant. Les enquêteurs ont également exploré sans résultat le château du Sautou, une ancienne propriété de "l'ogre des Ardennes".
Michel Fourniret purge une peine de prison à perpétuité incompressible, depuis qu'il a été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001. Il a de nouveau été condamné en 2018 pour un assassinat crapuleux.
